The White Stripes – Icky Thump : This is the End

C’est fini ! Les White Stripes jettent l’éponge. La célébrité aura eu la peau du duo de Detroit, Les nerfs de Meg ne résisteront pas à la pression, elle ne montera plus sur scène.

Les Stripes pour fêter leur fin de vie oublient les artifices, pianos et autres marimbas qui oeuvraient sur Get Behind Me Satan et retrouvent la gadoue électrique dans laquelle ils pataugeaient il y a quelques années encore. Le pot de départ de Jack et Meg se fait sous le signe d’un Rock ‘n’ Roll retrouvé, sauvage et salvateur. Le cadeau de départ à la retraite des White, ce sont eux qui nous le font.

Get behind me Satan porté par le succès planétaire d’ Elephant fut un véritable carton dans les charts Ricains et British.
Les expérimentations Stripiennes pour essayer de se renouveler, cette tentative de faire oublier Elephant malgré les quelques défauts et autres maladresses, se sont avérées payantes.
Pianos et marimbas virevoltant autour de la guitare de métal de Jack avaient étonné et pris à rebours les fans de la première heure.
L’album est un succès commercial et un demi-succès critique.
La presse spécialisée habituée à se faire auditivement malmenée, à se faire rentrer dedans par un Rock sans concessions, un Blues électrique d’une simplicité presque enfantine vient de perdre ses repères Stripiens.

Il fallait exorciser l’ Elephant, le tuer. Il fallait à ce moment-là, offrir autre chose. Évoluer mais sans ne jamais perdre son âme.

https://youtu.be/5roz5-wdjBg

Marcher vers d’autres horizons. Prouver que l’on n’est pas que ces petits punks gueulards qui jouent le Marshall poussé à donf. Visiter d’autres styles et les investir pleinement.
Pouvoir changer sa 8/6 pour une Heineken : Le goût est différent mais ça reste de la bière.

C’est en 2007, deux ans plus tard, que les White Stripes sortiront le successeur tant attendu du Get behind me Satan : Icky Thump.
Deux années où le leader des WS se mariera ( avec le mannequin Karen Elson) et formera les Raconteurs rock band Redneck fleurant bon l’Americana.
Deux années sans ses bandes blanches mais deux années à 200 à l’heure pour l’hyperactif Jack.
Des projets de tout côtés, une activité débordante comme poussé par quelque chose. Tenter de se vider la tête de ses White Stripes, les oublier pour mieux les retrouver.
Revenir à l’essence du groupe, laisser de côté les expérimentations musicales et l’ombre encore envahissante de l’Eléphant, replonger dans la boue originelle pour mieux se recréer.

Icky Thump comme tous les albums du duo reste entièrement analogique mais là où les précédents ne nécessitaient qu’une poignée de jours pour être réalisés, celui-ci prendra trois semaines.
Les Stripes, signe de la maturité, cisèlent dorénavant leur son, se créent une identité musicale à base de satu’ compressée à l’extrême et de solos plein de stridences qui te pètent les chicots comme un coup de craie sur un tableau noir.
C’est aussi, malgré une prod’ léchée, ( plusieurs pistes de gratte enregistrées, Batterie surpuissante, coups de cymbales amples et bruissants, saturation chaude et enveloppante. Sûrement la meilleure prod’ de la discographie du duo.) le retour aux sources du Rock Stripien..
Jack et Meg remettent les mains dans les eaux boueuses de ce Blues ancestral, fouillent dans la vase et parviennent encore à sortir quelques trésors enfouis.
Les pistes ébauchées sur l’album d’avant ne seront pas restées vaines.
Jack continue d’expérimenter en douceur avec notamment Prickly Thorn, But Sweetly Worn morceau de Folk Ecossaise saturé de cornemuse et doucement rythmé par une fine mandoline ou la reprise surpuissante du morceau Conquest véritable hymne à la « Reconquista » Du Rock’n’Roll par les Stripes.
Malgré ces quelques trouvailles musicales, les WS se sont recentrés sur ce qu’ils savent le mieux faire : Du PUTAIN de Rock’n’Roll !

L’histoire se termine pour les bandes blanches, brève et brillante.
Une histoire comme le passage d’une comète, une comète pleine de bruit et de fureur traversant le monde du Rock 00’s avec une puissance et une fraîcheur inespérées.
Six albums en huit ans, Les Stripes ont fait vite, ils ont mené leur carrière dans une urgence permanente. Une urgence salutaire pour le Rock.
Les WS ont bien compris que le Rock n’attend pas, qu’il se fait vite, qu’il se joue vite, vite et fort, qu’il se crée jeune, jeune et insouciant.

Six albums, six diamants d’une pureté Rock inaltérable.
Ces diamants trouvés à même la roche encore couverts de boue, ces pierres précieuses brutes, naturelles qui se mettent à briller d’un éclat intense une fois qu’on les prend dans ses mains, que l’on prend le temps de les admirer.

Renaud ZBN

Icky Thump est sorti le 5 juin 2007 Chez Third Man et X Recordings