« Genie? This is Aladdin. Print me a Razorlight album that doesn’t totally suck » (Adam Green Skit). Retour surprise après 10 ans d’absence de Johnny Borrell avec un tout nouveau Razorlight ! Mais que va penser le génie de cet Olympus Sleeping ?
Razorlight ! Ah Razorlight ! Toute une histoire… et un peu notre histoire à nous les fans improbables de ce groupe généralement tourné en dérision par tous les gens de bon goût. Il y a dix ans – P… ! Dix ans ! -, nous défendions sans illusions ce groupe anglais « à succès », donc faiseur de soupe – mais de bonne soupe – américaine, emmené par un leader tête-à-claques qui n’attirait certes pas la sympathie. Si les albums étaient à peu près convenables mais tous perfectibles, Razorlight s’avérait néanmoins parfaitement à l’aise sur scène, livrant même à l’occasion des sets incandescents. Puis ce fut la désintégration du groupe. S’ensuivirent 10 ans de silence ou presque, avec un disque solo de Johnny Borrell ignoré par la terre entière, et une fausse réapparition du groupe il y a quelques années… jusqu’à cet album apparu presque par surprise : plus aucun musicien restant du Razorlight que nous aimions jadis, ce qui était prévisible, mais surtout un recentrage inattendu de Borrell sur un héritage new wave 1978-79 purement anglais.
Car Olympus Sleeping démarre à fond la caisse, dans un registre urgent, joyeux et ludique que l’on n’entend plus depuis des lustres, ou du moins qui est devenu rare dans la musique actuelle. Un choix surprenant de la part d’un artiste qui snobait ses compatriotes et louchait même franchement vers Springsteen sur Slipway Fires : cette fois, on se retrouve, un tantinet bluffés, à repenser aux premiers Costello, Joe Jackson, ou même Jam (sur le très élégant Brighton Pier, sans doute le meilleur titre de l’album…), et à admettre que cet anachronisme têtu de Johnny Borrell ne manque vraiment pas de classe. L’inspiration s’épuise malheureusement au fil des morceaux, qui, s’ils retrouvent des sonorités et des ambiances plus familières, sonnent aussi beaucoup plus quelconques. On appréciera encore la sensibilité de Borrell sur la ballade Iceman, mais l’on ne pourra guère s’empêcher de penser qu’en dix ans, il aurait dû accumuler plus de bonnes chansons que cela ! Et qu’il n’est guère encourageant d’avoir cette impression de redite, voire de remplissage alimentaire sur Japanrock, No Answers ou même sur la conclusion du disque, City of Women.
On devra donc admettre, avec l’ami Adam Green, qui ouvre avec beaucoup d’humour Olympus Sleeping en interrogeant – en vain – son « génie » sur la disponibilité d’un album de Razorlight qui ne soit pas totalement « merdique », que rien n’a changé : si aucun album de Razorlight n’est totalement « merdique », aucun n’est non plus totalement réussi. Et Olympus Sleeping ne fait pas exception.
Ce n’est pas très grave non plus, nous serons devant la scène lorsque Johnny et son nouveau gang passera par Paris en début d’année prochaine, et nous sommes prêts à parier que les chansons de Olympus Sleeping auront fière allure en live !
Eric Debarnot
Razorlight – Olympus Sleeping
Label : Atlantic Culture Records
Date de parution : 26 octobre 2018
Extraordinaire chronique bourrée de préjugés et d’erreurs énormes…Le groupe Razorlight n’a rien d’américain. Le groupe n’a pas arrêté de tourner et de faire des concerts, certes espacés, et certes en Angleterre. Les musiciens ont varié et changé lors de la carrière certes non linéaire de Razorlight et pas une seule fois, mais plusieurs ! Nombre des anciens musiciens jouent dans d’autres groupes avec bonheur, et c’est d’ailleurs le cas des musiciens actuels ! Borrell explique clairement en interviews et très récemment que sa vie ne se réduit pas à une carrière, qu’il n’est pas toujours productif, n’a pas toujours l’inspiration et fait ce qui lui plaît avec coeur…Ce n’est pas un artiste construit pour la quantité ! J’aimerais beaucoup savoir ce qu’on appelle « des gens de bon goût » ? J’aimerais aussi comprendre ce qu’on appelle un « leader tête à claques » ? Par ailleurs, Borrell n’a pas fait un album sans Razorlight mais deux, plus quelques singles (pas du rock bourrin ni de la musique américaine -comme si la musique américaine d’ailleurs, était méprisable-) ? et a trempé dans le jazz et autres musiques non-commerciales ! Pour ce qui est de l’introduction d’Olympus Sleeping par Adam Green, imaginez-vous un instant que Borrell ne connaisse personne, n’ait pas lui-même beaucoup d’humour et de distance et que cet album Olympus Sleeping ne soit pas bourré de clins d’oeil divers et complices avec des musicos amis ?. Un compliment quand même à vous faire = Vous avez évité l’éternel et lassant rappel des Libertines, groupe hyper connu, qui rempli des stades et dont le chanteur médiocre est infiniment plus connu mais infiniment moins fiable et stable finalement (Borrell a joué genre trois semaines avec les Libertines et on en parle encore). Bien sûr je suis une fan, parce que je sais ce que vaut la voix de Johnny A Cappella, très supérieure à celles de quantité de branleurs à tête de mort qui font de nombreux albums et de nombreuses scènes…mais je suis la première à le critiquer, quand les critiques sont justifiées. J’en ai de nombreuses des critiques, mais aucune en rapport avec ce que vous écrivez. Olympus Sleeping, pour conclure, n’est pas un album de génie, simplement ce que la Pop Brit fait de mieux