Tel un pilote de F1 sous méthamphétamines, Rendez Vous assène de méchants coups de volant Post Punk et frise la sortie de route avec son 1er album Superior State.
Credit photo PIERRE-ANGE CARLOTTI
La réputation des franciliens n’est plus à faire. Incandescents sur scène. Pour leur premier album Superior States, Rendez Vous s’est donné les moyens en l’enregistrant à Leeds. Et c’est Matt Peel, déjà repéré derrière la console avec Eagulls, qui s’est chargé de canaliser toute la fougue du groupe.
Première surprise, Rendez Vous a relégué les boîtes à rythmes dans le coffre et ont recruté un batteur pour gagner en puissance. Batterie et basse rugissent donc de concertations et ce ne sont pas les guitares acérées qui vont s’en plaindre. Ni les synthétiseurs pourtant moins à la fête que sur les précédents disques, ni les voix saturées par ailleurs.
Pas de répit, pas de quartier, on pense à Killing Joke, The Three Johns mais aussi Frustration et Von Pariahs.
Des dix titres, on retiendra les mélodies venimeuses de Paralysed, l’urgence rythmique et le subtil jeu des guitares sur Exueva, qui n’est pas sans rappeler celui de Dick des Virgin Prunes – le frangin de The Edge de U2 -. Sentimental Animal enclenche le turbo, toute basse en avant, les guitares appuient sur l’accélérateur, renouant avec une tension croisée chez The Sound.
Middle Class, titre blindé d’effets narcotiques, reste la belle surprise de cet album tout comme Order Of Baël à l’accordéon synthétique sous influence dark folk. Les voix y sont parfaitement en osmose contrairement à d’autres titres ou le sous mixage et l’utilisation de la saturation peuvent s’avérer préjudiciables.
« A fond la gomme » pourrait résumer ce premier album de Rendez Vous, qui gagne en maîtrise ce qu’il perd en innocence, de quoi nourrir quelques regrets.
Mathieu Marmillot
Rendez Vous : Superior States
Label : Artefact
Date de sortie : 26 octobre 2018