A l’occasion de la sortie en CD du dernier album de Joel Henry Little paru fin août, on vous propose de découvrir les albums fétiches du jeune compositeur américain.
C’est par l’entremise des compilations Life Is Minestrone que l’on a découvert Joel Henry Little, jeune compositeur new-yorkais, âgé seulement de 20 ans mais déjà auteur de quatre albums dont le remarquable Great Kills Friendship Club avant la parution de Spuyten Duyvil, un album de pop d’une ambition folle qui confirme plus que jamais le talent de ce garçon.
5 disques du moment :
Richard Dawson – Peasant
Ce n’est pas si récent mais c’est l’album que j’ai le plus écouté ces derniers mois. Le mélange de folk anglais modal et d’avant-garde est parfait et son jeu de guitare est impeccable tout comme ses paroles. Je suis un vrai client pour tout ce qui est médiéval donc c’était un bon point de départ mais c’est vraiment la complexité des idées musicales et la capacité d’évocation de Dawson qui m’ont séduit.
Dirty Projectors- Lamp Lit Prose
Je les ai vu en concert et c’est probablement le meilleur que j’ai jamais vu. Cet album est le parfait pendant de leur album précédent et ses prouesses d’écriture sont manifestes. Et si j’aime l’écriture plus mélancolique de Dave Longstreth c’est définitivement un plaisir de le voir s’amuser même s’il s’attaque à des sujets difficiles (comme sur « That’s a Lifestyle » ou « Zombie Conqueror »).
Josephine Foster – Faithful Fairy Harmony
Je suis étonné à quel point Foster est négligée dans le monde musical actuel. Je pense que son œuvre est une des plus importantes de l’histoire récente. C’est un album particulièrement dense et comme d’habitude elle essaie beaucoup de choses nouvelles ce que je respecte beaucoup alors qu’elle aurait pu se contenter de rester dans une niche ce qui aurait pu être plus « vendeur » (le style western de « Blood Rushing », l’ambiance « chanteuse » de « I’m a Dreamer », le folk hispanisant de ses albums avec Victor Herrero).
Father John Misty – God’s Favorite Customer
J’aime vraiment le talent mélodique de Tillman même si les paroles sur cet album sont particulièrement poignantes. On a le sentiment qu’il commence à s’éloigner de l’ironie pour lequel on le connaît et il pourrait avoir une trajectoire intéressante s’il continue sur ce chemin.
Mount Eerie – Now Only
Je crois que je préfère cet album à « A Crow Looked at Me » ne serait-ce que parce qu’il me semble être une version affinée de ce qu’il essayait de capturer sur cet album sans totalement y arriver à cause de la proximité de la mort de sa femme. Il aborde son chagrin avec une vision très large, quasi cinématographique ce qui rend ses idées plus faciles d’accès. Sa capacité à donner l’impression d’un courant de conscience malgré la somme d’effort déployée sur cet album est assez impressionnante.
5 disques pour toujours :
Fiona Apple – The Idler Wheel
Mon voisin Charley a produit cet album mais ce n’est pas la raison pour laquelle je l’ai choisi. Je pense que c’est le point culminant de ses talents d’artiste et la production dépouillée ne fait que le renforcer et le clarifier. Fiona Apple est probablement l’artiste dont j’attends le plus les prochaines réalisations.
Joanna Newsom – Ys
Il n’y a pas grand chose à dire à propos d’Ys si ce n’est que c’est un des plus grands albums jamais faits et que Joanna Newsom est le plus grand songwriter vivant. Tout ce que je fais, je le fais dans son ombre.
Joni Mitchell – For the Roses
C’est impossible pour moi de ne choisir qu’un seul album de Joni – je pense que sa série d’album des années 70 est la plus incroyable pour n’importe quel artiste. Mais celui-ci est probablement celui vers lequel je reviens le plus, son humeur et son atmosphère me parlent beaucoup. Comme avec la majorité de son œuvre, il y a une fraîcheur mêlée à une grande complexité, ce à quoi j’aspire grandement.
Tom Waits – Rain Dogs
Malgré tous ses changements de styles et ses bifurcations, c’est peut-être un des albums les plus cohérents que je connaisse. Waits a créé un monde si singulier avec Rain Dogs, un monde dans lequel je peux m’immerger pendant des jours entiers. En tant que newyorkais je pense que c’est l’album qui capture le mieux une atmosphère particulière de cette ville et donc je m’y sens chez moi même si c’est d’une façon légèrement perturbante.
Scott Walker – Scott 3
Tout dans cet album est si parfaitement rendu et la voix poétique de Walker (et son incroyable façon de chanter bien sûr) opère ici à plein régime. Il y a quelque chose de tellement nostalgique qu’on ressent lorsqu’on écoute cet album mais aussi quelque chose d’inquiétant et de pénétrant.
décembre 2018
Joel Henry Little – Spuyten Duyvil
Label : Life is a Minestrone Records
Date de sortie : 24 août 2018