David Speck n’a rien d’un novice. Après avoir écumé les scènes d’Austin et d’Oakland au sein de diverses formations psyché-rock, il réapparaît sous le nom de David Loca au sein de Part Time. Au programme, une pop débauchée et des clins d’œil prononcés aux années 80.
Si David Loca porte un sous-pull en nylon rentré dans son pantalon en Tergal, ses compagnons ne font pas mieux, affublés de costumes trois pièces élimés et datés. Aux Usa, on les traite de Weirdos, soit des gars bizarres et un peu inquiétants.
La musique désabusée de Part Time est conforme à leur look kitsch. A la limite du mauvais goût, il subsiste une écriture et une interprétation qui les fait basculer dans la musique indépendante malgré des flirts intermittents avec la FM. Le disque parfait que tes amis vont rallier avant de te demander de quoi il s’agit.
Si l’on peut penser à China Crisis ou Robert Palmer, l’esprit aventureux de Part Time les rapproche d’autres artistes américains comme Ariel Pink, Porches ou Wild Nothing.
On ne compte plus les synthétiseurs iconoclastes, les roulements de batteries synthétiques, une B.O porno en fond sonore sur une ballade pourtant inoffensive. Et si les guitares doivent autant aux Smiths qu’au psyché-fuzz, le chant suave excelle dans tous les registres. Avec cette surprenante capacité à foirer des hits par des arrangements déconcertants.
David Loca a fait le choix d’enregistrer et mixer lui même. D’où ces sons rugueux qui éloignent Spell#6 des productions grandiloquentes typées Miami Vice.
Même si un saxophone apparaît sur I Can Treat You Better, chanté avec Ariel Pink, un clavier analogique maltraite le tube Before You Fall Appart, et un piano s’offre à un séquenceur sur une rythmique rachitique sur le titre Hide.
Sur l’excellent Shattered Love, la trompette type Casio gagne le titre d’instrument le plus infâme pendant que la basse rough disco sur l’immense I Didn’t Know nous prouve que le groupe sait composer un hymne venimeux à la paresse, à écouter allongé devant un couché de soleil californien.
Et lorsque les San-Franciscains décident de se débarrasser de tous les oripeaux 80’s en utilisant banjo, piano et harmonica, ils deviennent touchants. Croirait-on entendre The High Llamas sur les très beaux Spell#6 et It’s Allright With Me ?
En dix titres, leur psyché pop teintée de soft rock colle parfaitement à l’époque. Part Time peut tout se permettre car ils le font avec candeur.
Mathieu Marmillot
Part Time: Spell#6
Label: Burger et Tough love Records / Differ-ant
Sortie : 2 novembre 2018