En 1980, Trust livrait son deuxième album, toujours aussi énervé, qui touchera la France Giscardienne en pleine gueule. Antisocial hymne anar et nihiliste tombe sur le Rock Français comme une énorme couille dans ton potage et ravive la flamme contestataire d’un Rock hexagonal assoupi. Un Must !
Quand j’étais môme, j’étais anar !
Tout minot déjà, la varièt’ me faisait chier.
J’dis pas que j’écoutais pas une Madonna et son nombril à l’air se trémoussant le fion sur son Into the Groove.
Une Stèph de Monac’ emportée par son Ouragan, avant que la tempête Daniel Ducruet ne vienne donner corps à la chanson en partant avec les meubles et la bagnole à la vitesse d’une tornade Nord-Américaine.
Elsa, Glen Medeiros et leur Roman d’amitié, qui au vu de la bosse dans le pantalon du playmobil chicanos et l’air effrayé de la nymphette à bouclettes, transforma ce beau Roman d’amitié en triste jugement de divorce.
Un Jean-Luc Lahaye pas encore teint en noir corbeau, chantant déjà pour des gamines de 14 ans mais ne couchant pas encore avec.
Jean-Pierre Mader et ses tubes Macumba et Disparue, s’identifiant tellement au titre de son second succès, qu’on ne le revit plus durant trente piges.
Je disais donc que j’étais anar quand j’étais gosse.
Enfin, je croyais. Je voulais en tout cas.
Parce que j’écoutais Renaud.
Avec ses cheveux jaunes et son bandana rouge, ses santiags et sa gratte trop grosse pour lui.
Renaud chantant Hexagone ou Marche à l’ombre de sa voix éraillée de bonimenteur. Ce bagout de joueur de bonneteau. Cette poésie du pavé, du ruisseau, que ce petit bourgeois fait fleurir comme de jolies roses parfumées sur le béton froid d’un trottoir de banlieue.
Parce que j’écoutais Brassens.
Tonton Georges. Une grande fierté, tu penses !? Un pays à moi.
Une moustache, une pipe et une guitare: C’est pas Carla Bruni ! Non mon pote !! C’est mon beau Tonton Georges.
L’un des plus grands poètes de ce triste XXème siècle.
Des chansonnettes ciselées dans ces bois bruts dont on fait les pipes. Ces textes et ces mélodies d’un autre âge et pourtant jamais démodés, intemporels.
Des mots si compliqués à entendre et si simples à comprendre. Ce doux anarchisme heureux et chantonnant, adossé à un arbre, un fin sourire aux lèvres.
Brassens c’était François Villon, diantre !!
Puis l’adolescence et sa cohorte de boutons d’acnée purulents, d’érections incontrôlées et de bouts de ferrailles dans la bouche, déboule sans crier gare.
Tout commence à pousser.
Les cheveux sur tes épaules, le bédo sur tes lèvres et la bière au bout de tes doigts. Tes antennes ont poussé aussi.
Tes oreilles demandent de la nourriture plus fine, plus recherchée. Comme Brassens mais saturée et assourdissante.
Terminé le fast-food musical. Vite écouté, vite digéré.
Fini les hot-dogs Milli Vanilli, les croque-monsieur Modern Talking (Les coquins !!), les brioches Demis Roussos ou même ces boites de lait concentré Sabrina ou Samantha Fox.
Place au Rock ! Engagé, contestataire et adolescent.
Engagé et contestataire parce que il dénonce tout, tout le monde et tout le temps.
Adolescent parce que il dénonce tout, tout le monde et tout le temps.
C’est Bernie et cette voix de gueulard dans une dispute à un feu rouge.
Bernie qui gueule Antisocial comme une urgence dans cette France Giscardienne anesthésiée.
Qui tacle l’état Français planquant l’ayatollah Khomeini à Neauphle-le-Château dans Monsieur comédie.
Qui crache sur Saumur et son ambiance Militaro / bourgeoise pesante.
Qui met en musique Le Mitard, sur un texte de Mesrine et qui sera très controversé.
Qui se foutra de la gueule de ces cons d’adeptes de sectes qui se rasaient le crâne et filaient leur pognon en souriant pour se faire latter le fion par des Jim Jones complètement allumés.
C’est Nono et ses doigts d’or, caressant sa guitare comme une jeune fille et la faisant crier comme une femme.
Ce sont ces doigts virtuoses qui sortiront Trust de leur garage et de leur salle de 50 places et en feront un groupe majeur du Hard-Rock Français… Et mondial ( Tournée avec AC/DC, Iron Maiden… Reprise de l’album Répression en Anglais par Anthrax).
Malgré cette musique Hard Rock puissante et carrée, Trust c’est aussi des textes couillus et travaillés.
Il est, à son niveau, dans la grande tradition libertaire et contestataire Française.
Les Trust sont bien les dignes héritiers des : Bruant, Brassens, Ferré ou Renaud. Des héritiers en cuir dégueulasses avec des cheveux longs, des jean’s troués et des binouzes plein les poches.
Renaud ZBN
Répression est sorti le 30 mai 1980 chez CBS records.