Adam McKay propose un portrait satirique, presque documentaire, plutôt maîtrisé et le plus souvent édifiant sur l’ex-vice-président de George W. Bush, Dick Cheney. A voir !
Quel revirement pour Adam McKay ! Ce réalisateur a tout de même débuté sa carrière avec des comédies régressives (mais pas forcément mauvaises) telles que Frangins malgré eux avec Will Ferrell (ici producteur aux côtés de Brad Pitt). Il a ensuite surpris son monde avec The Big Short sur la crise des subprimes, un long-métrage peut-être trop complexe pour un public avide de divertissement mais qui avait le mérite de tenter de nous expliquer ce chamboulement économique. Le voilà que sa seconde partie de carrière continue avec un autre film sérieux. Vice prend en effet le parti de nous dresser le portrait de l’homme politique américain Dick Cheney, en nous expliquant l’influence immense qu’il a pu avoir sur la géopolitique mondiale… et qui a toujours des répercussions à l’heure actuelle. Il le fait par le biais d’une espèce de fiction à la lisière du documentaire mais à forte connotation satirique. Les événements dépeints et les discussions présentées ici ne sont pas forcément fidèles à la réalité mais semblent en être fortement inspirées.
Déjà on peut louer une chose que son précédent film ne parvenait pas toujours à faire : vulgariser le monde politique américain ainsi que l’échiquier économique et diplomatique de cette période. La narration est limpide et on n’est jamais perdu quand bien même on n’est pas initié à ces domaines. Le film a donc des vertus instructives non négligeables et le récit de la vie de cet homme, pourtant à priori peu cinématographique, s’avère passionnant. On y découvre les répercussions des actes de Dick Cheney sur le monde et ça fait froid dans le dos.
Les prestations des acteurs sont à l’unisson, Christian Bale nous réservant une fois de plus une composition monstrueuse, de celles qui aboutissent à une nomination à l’Oscar. Idem pour les trois seconds rôles que sont Steve Carell en Donald Rumsfeld, Amy Adams en Lynne Cheney et Sam Rockwell en Georges W. Bush. Néanmoins, si ces transformations et ces grimages en têtes connues sont réussies, elles sentent justement un peu trop la course à la statuette pour être sincères.
L’aspect parfois comique du long-métrage, très humour noir, vient surtout de l’incongruité de certaines situations où l’on se demande comment c’est possible. Le réalisateur, par le biais d’une voix off bienvenue, amène une distanciation accentuée par certains effets comme un faux happy-end ou une séquence – excellente – où les politiciens sont au restaurant et choisissent dans le menu les pires lois qui soient pour un pays. Des notes d’humour satirique bienvenue qui transforment le long-métrage en gentil pamphlet poil à gratter. On n’est pas non plus dans le portrait trop chargé et militant, le cinéaste montrant des aspects également positifs de l’homme notamment dans sa vie privée et son rapport à sa femme et ses filles. Ce qui finalement rend le film plus crédible car rien n’est tout blanc ou tout noir.
On a également droit à un petit rebondissement bienvenu mais gratuit concernant le narrateur qui rend Vice encore un peu plus original. Après, la réalisation est assez classique et on a déjà vu des films de ce genre plus percutants. Une œuvre qui aurait eu encore plus de force si elle était sortie durant le mandat de Bush, mais certainement qu’il manquait le recul nécessaire.
Vice
Film Américain de Adam McKay
Avec Christian Bale, Amy Adams, Steve Carell
Genre : biopic, comédie, drame
Dure : 2 h 12 min
Date de sortie : 13 février 2019
https://youtu.be/TKUjiqqPkjU