Clunch, millénium célibataire et magasinier de son état, s’offre un robot ménager. Il le baptise Rob et engage la conversation. Le pitch est minimaliste. Unité de lieu : le studio ; unité de temps : la conversation ; unité d’action : l’homme et le robot.
Si le sujet de l’émergence de la personnalité artificielle a trop largement été traitée au cinéma, de L’homme bicentenaire et A.I. intelligence artificielle à Her, il a peu inspiré les bdéastes ; on citera Ghost in the shell ; et généralement sur un mode réaliste et dramatique.
Rob ose une forme plus humble, celle du comic strip d’une demi-page. Sans négliger les grands Américains, de Yellow Kid à Calvin et Hobbes, le modèle est Le Retour à la terre de Ferri et Larcenet. La filiation est revendiquée, que ce soit par la belle couverture ou l’antenne du robot, reprise du nœud papillon de la douce Manu. Le dessin de Boris Mirroir atteint une maturité convaincante. Un décor minimaliste donne toute sa force au travail sur les personnages.
Grâce à un généreux format de 61 pages, James parvient à nous surprendre. Il enchaîne et développe des thématiques de plus en plus ambitieuses, le ménage, la cuisine, le travail, la solitude, l’exploitation, les stéréotypes. Si certaines sont attendues, d’autres surprennent. Adulescent typique, Clunch refuse de sortir de lui-même. À l’inverse, l’intelligence artificielle apprend trop vite. Rob rationalise, embauche, courtise, découvre aime, jalouse, ment, simule. Tout puissant, il n’est pourtant pas à l’abri d’une panne de batterie ou, pire, d’un reboot… ou d’un « niveau 2 ». C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Stéphane de Boysson
Rob niveau 1 – Bêta-test
Scénario : James
Dessin : Boris Mirroir
Éditeur : Delcourt (Pataquès)
61 pages couleurs – 13,95 €
Parution : 6 février 2019