Attristés comme nous par la fadeur de la musique française contemporaine ? Voilà une nouvelle qui réjouira les fans des beaux Thugs, les frères Sourice reviennent avec LANE, et ils ne sont pas contents.
… Mais en même temps, comme le répète toujours Manu, le Rock à guitares se porte mieux que jamais dans l’Hexagone, avec une multitude de jeunes groupes talentueux qui n’ont pas oublié l’héritage anglo-saxon des années 80 et 90… Penchons-nous aujourd’hui sur le cas de LANE (Love and Noise Experiment) – quel nom magnifique, quelle belle idée de voir que la meilleure voie de circulation vers l’avenir, c’est le bruit et l’amour, non ?), qui risque bien de devenir très vite LE groupe français le plus excitant du moment. Vous en doutez ? Eh bien écoutez seulement l’extraordinaire – et je pèse mes mots – Down By the River, qui conclut l’album A Shiny Day dans une sublime déflagration sonique, dont l’intensité l’autorise à reprendre, en tout bien tout honneur, le titre de l’un des grands titres électriques du Loner : aurait-on seulement pensé qu’on ferait ce genre de musique, à ce niveau d’excellence un jour en France ?
Bon, il faut dire que LANE a de qui tenir : d’un côté le clan Sourice, responsable de l’un des seuls projets Rock français qui aient jamais réussi à emballer le public Outre-Manche dans les années 90, les Thugs ; d’un autre les Belin de Daria, pas des manchots non plus. Ensemble, ces forcenés mettent les potentiomètres des amplis sur le traditionnel chiffre 11 pour célébrer leur amour irrépressible pour Fugazi et Hüsker Dü, soit, rappelons-le deux groupes essentiels du mouvement hardcore punk qui n’ont jamais trahi leurs idéaux, qui ne se sont jamais vendus à l’industrie. Mais les références de LANE ne se cantonnent pas au radicalisme sonique, politique et intellectuel de ces deux grands noms, elles englobent clairement ici un coup de chapeau au post-punk britannique des origines, de Joy Division pour la voix facilement martiale au Wedding Present pour la manière impérieuse d’expédier en deux minutes des brûlots pop qui explosent à la fois le cœur et les oreilles.
C’est cette alliance gagnante entre guitares sanglantes et sur-saturées et mélodies faciles à mémoriser qui constituent la martingale de L A N E, et les distinguent déjà clairement du reste du pack. A Shiny Day est ainsi un véritable bonheur d’efficacité punk, la carte de visite d’un probable futur grand groupe français… que l’on rêve maintenant de découvrir sur scène. Là où excellaient leurs modèles. Là où triomphaient les Thugs. Et si l’histoire se répétait, pour une fois pour notre plus grand plaisir ?
Eric Debarnot