Attendu au tournant après une saison 2 ratée, Nic Pizzolatto revient avec un troisième volet de True Detective passionnant où le classicisme s’accommode parfaitement du cahier des charges de la série.
Forcément, on avait été un peu déçu de voir à quel point la série menée par Nic Pizzolatto s’était plantée dans sa seconde saison après une première d’anthologie qui l’avait propulsée, en compagnie de Fargo (Netflix), tout en haut du top des séries policières modernes. Une saison portée par deux acteurs géniaux (Matthew McConaughey et Woody Harrelson), servis par un scénario d’une intelligence et d’une efficacité redoutable qui nous avaient tenus en haleine 8 épisodes durant. On effacera donc de notre mémoire la saison 2, pour saluer ce troisième volet de True Detective qui semblait être la dernière chance pour le showrunner Américain de convaincre les patrons de la chaîne HBO.
Accompagné par David Milch (un nom à tout jamais associé à l’inoubliable série western Deadwood), Nic Pizzolatto a pris cette fois son temps pour composer cette nouvelle histoire. A l’issue du visionnage c’est donc ouf de soulagement que l’on poussera tant on a retrouvé tout ce qui faisait l’essence même de True Detective, à savoir une solide intrigue policière avec une enquête menée tambour battant par un duo de flics parfaitement assorti, le tout dans une réalisation soignée.
La saison démarre avec la disparition deux enfants, Will et Julie Purcell, dans un coin paumé des Etats-Unis. Le récit est développé sur trois niveaux de temporalité (années 80, années 90 et période actuelle). Pour mener l’enquête, Wayne Hays (Mahershala Ali, révélé dans Moonlight et confirmé dans Green Book) et son partenaire Roland West (Stephen Dorff), se creusent les méninges pour essayer de comprendre ce qui s’est passé dans ce coin perdu de l’Arkansas. On suit les deux policiers dans cette affaire compliquée au gré d’allers et retours réguliers entre passé et présent, on les voit face à leurs tourments, leurs errements, leurs fantômes et leurs souvenirs qui, pour Wayne Hays, disparaissent au fur et à mesure que se développe sa maladie d’alzheimer.
Classique dans sa forme, dans sa construction et dans son déroulement, cette saison 3 bénéficie heureusement d’une mise en scène irréprochable et de deux acteurs excellents, incarnant des personnages bien écrits, à la psychologie suffisamment complexe pour qu’on s’attache à eux jusqu’au bout.
Et si on pourra trouver la résolution un peu décevante par rapport à toutes les pistes avancées dans le scénario, cette saison 3 reste malgré tout un bel objet télévisuel, une série soignée et extrêmement bien ficelée, jamais racoleuse et qui prend son temps pour faire avancer l’histoire.
Benoit RICHARD
True Detective, saison 3
Sérrie américaine de Nic Pizzolatto
Avec Mahershala Ali, Stephen Dorff, Carmen Ejogo…
Genre : Polar, thriller
8 épisodes de 55 minutes environ
Diffusé sur HBO et OCS en janvier 2019