Peter et ses nouveaux amis hispanophiles de The Puta Madres sortent leur premier album éponyme. Enregistré en Normandie, il fleure bon la balade en bord de mer avec son lot de mélancolie, de douceur, d’enthousiasme, de complicité et paysages qui se ressemblent.
Peter Doherty, c’est un peu comme le vieux pote dont tu ne prends plus trop de nouvelles mais que tu retrouves avec plaisir dans une soirée, traînant avec une nouvelle bande, The Puta Madres – ainsi nommée parce que le batteur répétait cette expression pour à peu près n’importe quel motif. Ni plus ni moins.
Dans une villa d’Etretat, lieu de liberté retrouvée selon le quadragénaire anglais, tout va très vite se boucler :
Six musiciens et quatre jours d’enregistrement en studio, exclusivement dans les conditions du live. Ces prises directes évitent la déperdition ou la routine et ont pour conséquence la nette impression de symbiose entre les musiciens comme le prouvent les fréquentes plages instrumentales au coeur même des morceaux, où un invité inattendu déboule, le violon. Il se promène entre résonances irlandaises et atmosphères d’ouest américain sans jamais en être une mauvaise copie, il exalte certains titres comme Someone else to be – libre reprise du Velvet Underground avec gros clin d’œil à Oasis.
Clavier psyché et guitare ciselée se joignent aux cordes pour créer une bulle qui n’explose jamais.
L’indéniable plaisir que prend Puta Madres à jouer ensemble entraîne Doherty dans une sorte d’engouement léger malgré une météo variable. Grisaille, éclaircies, quelques éclairs, du franc soleil, de la pluie et du vent, une journée sur la côte normande quoi. On retrouve d’ailleurs ces alternances avec des ruptures mélodiques réussies et répétées. C’est là que l’album s’essouffle, à partir de Travelling Tinker, septième track.
Car si les ingrédients sont de qualité et bien utilisés – Who’s been having you over en tête – les retrouver à chaque exécution atténue la surprise et permet d’anticiper le schéma début calme – sursaut rythmé (A fool there was) ou l’inverse (shoreleave).
Quand on demande à Peter le métier qu’il aurait pu faire s’il n’avait pas été artiste, il répond : « Barman, assassin, maladroit ou… mort. » pas du tout souhaitable, encore plus après 17 ans de liens décousus, que cet album vient raviver le temps d’un week-end en bord de mer.
Allez, all to sea avec Doherty !
Jean Nicolaï
Peter Doherty & The Puta Madres – S/T
Strap Originals / Differ – ant
Date de sortie : 26 avril 2019