Après un démarrage remarqué en 2011 avec un thème d’actualité – le retour des prisonniers de guerre d’Irak – d’ailleurs inspiré de la remarquable série israélienne Hatufim, Homeland a exploré différents sujets et même différents genres, avec un succès variable. La saison 7 n’est pas franchement une réussite.
Cette septième saison de Homeland, la désormais vétérane des séries « d’espionnage », est probablement la plus mauvaise à date, mais elle offre suffisamment de sujets d’étonnement pour qu’on accepte bien volontiers de s’y ennuyer pendant quelques épisodes aussi vains que ridicules.
Après le cliffhanger de la fin de la saison précédente, qui montrait la démocratie US menacée par une présidente autoritaire et paranoïaque, les scénaristes ont la curieuse – mais très stimulante – idée de « rebattre toutes les cartes » et de nous proposer une oscillation déroutante d’un bord à l’autre de l’échiquier politique. Et donc une vue non manichéenne des différents partis en présence : les odieux populistes d’extrême-droite, dénoncés dans la saison précédente, deviennent des victimes « innocentes » de l’état de droit, les démocrates souhaitant mettre fin à une présidence quasi fasciste sont amenés à trahir tous leurs idéaux, les agences gouvernementales ne fonctionnent plus qu’à travers des opérations illégales, etc. Et voilà le téléspectateur européen, finalement plus politiquement correct qu’il ne le pensait, tout perturbé devant cette « accumulation d’ambiguïtés », où tous les repères habituels du divertissement sériel sont battus en brèche.
Seules certitudes au sein de cette pagaille, la Russie est bien notre nouvel ennemi, dans un registre éprouvé de retour de la guerre (pas si) froide, et la folie de Carrie, dont les pénibles démêlés familiaux plombent de manière quasi terminale cette saison, ne fait que s’aggraver. Si l’implication croissante de la Russie dans la déstabilisation des démocraties occidentales est désormais un fait avéré, et que ce thème crédibilise largement l’accumulation de péripéties improbables qui minent peu à peu notre patience, ce sera une fois de plus le jeu excessif de Clare Danes, littéralement insupportable, qui nous donnera régulièrement une furieuse envie de mettre un terme à notre souffrance.
Les deux derniers épisodes retrouvent le « bon esprit 24 heures chrono » (qui n’est jamais loin) avec une guerre rangée dans les rues de Moscou entre diverses factions du pouvoir – difficilement crédible, quand même -, avant une conclusion moralisatrice qu’on ne voulait vraiment pas voir advenir. Et qui met à bas les prodiges de complexité politique qui avaient constitué jusque-là le (seul) point fort de la saison. Au point où l’on est obligé de se demander si ce qu’on a pris pour de l’ambition scénaristique n’était pas plutôt la conséquence involontaire d’une écriture chaotique ! Il ne nous restera plus alors qu’à sourire, oui sourire, monstres que nous sommes, devant le dernier plan d’une Carrie ayant sombré corps et âme dans la folie…
Nous laissant craindre une huitième saison encore plus outrancière.
Eric Debarnot