Hedy Lamarr fit une ascension fulgurante à Hollywood dès les années 30. L’actrice autrichienne, quasi oubliée aujourd’hui, fut aussi à l’origine du Wi-Fi, et cette BD la réhabilite. Superbement.
Hedwig Kiesler alias Hedy Lamarr fut une météorite dans le ciel d’Hollywood. Adulée pour sa beauté, l’actrice autrichienne représentait une certaine idée du glamour dans le cinéma de l’entre-deux guerres. Mais derrière la star, il y avait la chercheuse géniale, bien au-delà du rôle d’écervelée photogénique auquel la société phallocrate de l’époque voulait la cantonner…
Ce qui attire dans ce livre c’est d’abord la couverture, réalisée dans un style qui rappelle Cassandre et ses pubs art déco des années 20. Puis, un simple feuilletage permet de laisser le charme infuser. De pair avec le graphisme, la colorisation est extrêmement plaisante, c’est juste magnifique. Sylvain Dorange prouve ainsi qu’il est un artiste de grand talent.
La Plus Belle Femme du monde, c’est la biographie d’une femme au destin extraordinaire, à la fois tragique et scintillant, celle de Hedy Lamarr, quasiment oubliée aujourd’hui. Juive autrichienne naturalisée américaine, celle-ci connut pourtant la gloire à Hollywood, si éphémère fut-elle, ayant tourné avec les plus grands réalisateurs de l’époque en particulier durant l’entre-deux-guerres. Mais ce que l’on a encore plus oublié derrière l’actrice glamour un peu mièvre, se cachait la scientifique. En mettant au point, avec le concours du pianiste et compositeur George Antheil, un système de codage des transmissions, l’actrice a donné lieu à de grosses avancées dans la technologie des télécommunications. Aujourd’hui, l’armée, la téléphonie mobile et la technologie Wi-Fi ont toujours recours à l’invention de Hedy Lamarr.
Et pourtant, c’est peu dire que cette « ravissante idiote » fut sèchement éconduite lorsqu’elle vint proposer ses services à l’armée américaine dans la guerre contre le Japon et l’Allemagne. Plutôt que de se préoccuper d’un domaine forcément masculin, les cadors de l’US Navy lui suggérèrent de jouer de sa plastique avantageuse pour soutenir le moral des troupes.
William Roy nous livre ainsi une triste et passionnante histoire portée par un superbe graphisme, celle d’une personnalité atypique qui cotoya les sommets sans jamais obtenir de réelle reconnaissance, même d’Hollywood, sauf au crépuscule de sa vie où elle fut, contre toute attente, récompensée par le milieu scientifique pour son brevet révolutionnaire.
Laurent Proudhon
La Plus Belle Femme du monde
Scénario : William Roy
Dessin : Sylvain Dorange
Editeur : La Boîte à bulles
176 pages – 23 €
Parution : 7 novembre 2018