« Je m’appelle Alexandra et j’aime passionnément les artistes et artisans de la musique auxquels je tends mon micro ». Ainsi nous accueille d’une voix douce et chaleureuse, Alexandra Lebrethon qui nous convie chaque mercredi à découvrir dans son podcast un artiste émergent ou confirmé de la scène musicale sur le site Onlike.
La jeune journaliste musicale normande expatriée dans la capitale parisienne est avant tout une passionnée qui s’est lancée dans l’aventure du podcast avec un talent certain et un enthousiasme communicatif.
Réalisés avec une grande spontanéité et liberté de ton, dans une atmosphère très « cocooning » particulièrement agréable pour les auditeurs, les entretiens permettent de découvrir des artistes aux talents multiples et prometteurs. Les musiciens (ou journalistes musicaux) peuvent s’exprimer en toute confiance, de façon décontractée, sans filtres. Requin Chagrin, Hyacinthe, Vendredi sur Mer, Camp Claude, Rebecca Manzoni ont d’ores et déjà répondu aux questions d’Alexandra.
Aujourd’hui est mis en ligne le 30ème podcast avec comme invité Adrien Leprêtre de Samba de la Muerte, qui vient de sortir le titre Fast, prémices d’un album dont la sortie est prévue en septembre.
Faisons davantage connaissance avec Alexandra, qui a accepté de répondre à quelques questions.
Peux-tu nous raconter la genèse de ton projet ? Pourquoi avoir choisi ce format relativement récent qu’est le podcast ?
En 2015, j’ai débuté dans le journalisme musical par passion et par envie de développer ma plume. A cette période, je n’étais pas du tout branchée « podcasts » (le podcast natif j’entends, des émissions qui n’étaient pas diffusées sur un canal radio traditionnel), alors qu’ils existaient depuis de nombreuses années.
J’ai toujours été attirée par les produits culturels et les médias à l’affût des nouveautés tant dans les formats que dans la façon de traiter les sujets. J’ai rejoint l’équipe d’Onlike en 2017 pour laquelle je réalisais des interviews que je retranscrivais ensuite.
En 2017 et 2018, il y a eu une belle mise en lumière du format podcast grâce à des émissions phares produites par les maisons de production de podcasts Nouvelles Ecoutes, Binge Audio et Louie Media, ou des podcasteurs indépendants.
Après des mois de maturation, de formation, et de réflexion, j’ai enregistré mes premiers entretiens et monté mon premier épisode. Je me souviens des longues heures passées à apprivoiser le logiciel de montage. Heureusement j’ai pu bénéficier d’une formation avec Carine Fillot qui a lancé des ateliers radio/podcast appelés Tac Tac Tac. Le temps d’un week-end j’ai bénéficié des principes de base de la prise de son, de la réalisation d’une interview, de l’écriture radiophonique et de la manipulation du matériel dont le logiciel Reaper.
Avec Jean-Patrick Labouyrie, fondateur du webzine Onlike et désormais co-producteur du podcast, on a publié le premier épisode du podcast Onlike fin octobre 2018. Il a créé l’identité graphique du podcast et le fait vivre sur les réseaux sociaux. Il gère aussi toute la partie technique comme la mise en ligne sur l’hébergeur. On mutualise nos différents réseaux pour démarcher les labels et les attachés de presse. C’est un vrai travail à deux.
Peux-tu nous en dire davantage sur ce média Onlike ?
Onlike est un webzine musical et culturel qui existe depuis plus de 14 ans. C’est un média totalement indépendant qui ne dégage aucun revenu publicitaire. Les rédacteurs sont bénévoles et plutôt spécialisés par sujet comme le cinéma. Le podcast Onlike est le prolongement de l’activité du webzine. C’est une déclinaison de ce que je faisais déjà sur le site en version écrite. On a utilisé l’existant pour profiter du rayonnement. Le podcast Onlike sort tous les mercredis.
Envisages-tu de te concentrer uniquement sur des personnalités musicales ou souhaites-tu t’ouvrir à d’autres domaines culturels ?
Onlike sera et restera un podcast dédié aux artistes et aux professionnels du secteur musical. Pour l’instant je n’ai tendu mon micro qu’à des artistes et personnalités françaises mais je n’exclus pas d’interviewer des artistes étrangers. Il restera à voir comment organiser un doublage audible pour le public français. Sur Onlike, je me réserve donc à la musique mais dans la vie je m’intéresse à d’autres choses et j’aime la radio dans son ensemble. Je me verrai bien volontiers sur une radio associative pour parler d’autres sujets. Je médite sur mes envies et mes potentiels de développement. J’ai tout à apprendre !
Comment choisis-tu les personnalités que tu interviewes ? Qu’attends-tu de ces rencontres ? As-tu une ligne directrice pour mener tes entretiens ?
Je choisis les artistes en écumant mes playlists Spotify. Je retiens les artistes écoutés en boucle ou ceux qui ont retenu mon attention avec un titre ou un clip. Certains artistes me sont aussi proposés par des attachés de presse ou labels.
Je me laisse séduire et puis je creuse pour en savoir davantage sur leur personnalité. Je n’ai pas besoin d’être « fan » de l’artiste pour avoir envie de le rencontrer.
J’envisage différemment les entretiens selon qu’ils se déroulent avec un groupe ou avec un artiste solo. Dans le cas d’un groupe, j’axe sur l’artistique et sur ce qui les unit. Je pense les entretiens comme des conversations, en faisant en sorte que mon invité soit le plus à l’aise possible. Je dégage des axes et des faits saillants pour lancer la conversation qui prend ensuite une tournure souvent très imprévisible. Il faut savoir rebondir, c’est le principal challenge : ne pas briser l’élan et l’envie de se confier.
On parle de l’artistique, de leurs albums, EP… et de sujets beaucoup plus universels comme les peurs, les angoisses, les moments intenses, l’enfance. Que l’on soit passionné ou non de musique je crois qu’on peut se reconnaître dans leurs parcours de vie. J’aimerais que cela inspire les auditeurs autant cela m’inspire, et que ça leur donne envie de réaliser leurs propres projets. Je me dis souvent que je ne serais pas capable de répondre à la moitié des questions que je leur pose !
Tu as réalisé à ce jour trente podcasts, quelle est ta plus belle rencontre, ton interview la plus marquante ?
Chaque rencontre est un plaisir immense et assez égoïste au départ. Le podcast me donne un prétexte pour rencontrer des gens dont j’admire et respecte profondément le travail. Je me souviens de ma fébrilité à peine masquée lorsque je rencontrais les 4 membres du groupe Grand Blanc par exemple. C’est assez étrange de rencontrer les auteurs d’albums qu’on a écouté en boucle des années durant et qui nous ont accompagnés dans des moments de vie. Je garderai aussi un souvenir très fort de ma rencontre avec la journaliste Rebecca Manzoni. Sa générosité, sincérité et gentillesse m’ont impressionnée. C’est un modèle de journalisme et de professionnalisme pour moi, et encore plus après cette rencontre. J’ai eu les mêmes retours de la part de mes amis lorsqu’ils ont écouté cette interview. Son naturel a imprégné la bande. Tout passe par la voix, c’est encore une preuve de sa puissance.
Quelles sont les difficultés que tu peux être amenée à rencontrer ?
En France, le podcast est un média de niche. Même si on en parle de plus en plus via les médias « traditionnels », cela reste encore réservé à une partie d’auditeurs curieux qui dépassent la barrière technologique.
Il faut utiliser un ordinateur ou un smartphone via une application pour accéder aux podcasts. Pour atteindre une base d’auditeurs il faut donc réussir à se faire connaître. Heureusement il y en a de plus en plus. C’est la multiplicité des propositions qui met un coup de projecteur sur ce média.
Avec Onlike on a une base fidèle d’auditeurs stable mais qui n’atteint pas encore les milliers d’écoute à chaque épisode. La persévérance et la patience sont les deux choses sur lesquelles je mise, en plus de la communication, pour gagner de nouveaux auditeurs. On compte beaucoup aussi sur les artistes pour relayer leur entretien sur leurs réseaux sociaux. On sent la différence lorsqu’ils ne jouent pas le jeu.
Dans tes rêves les plus fous, qui aimerais-tu rencontrer et interviewer ?
Des interviews rêvées j’en ai plein. J’espère que je pourrai en faire encore longtemps. Il y a des artistes et des professionnels du secteur qui sont beaucoup moins accessibles et je crois que c’est cette difficulté d’accès qui fait que l’on en rêve sans y croire vraiment. Je ne crois pas à l’inaccessible, il faut essayer et surtout persévérer. Pour donner quelques noms, j’aimerais beaucoup rencontrer Philippe Cœur ou Pascal Nègre, Edith Fambuena et Etienne Daho. Et Lara Fabian, Dominique A, Cœur de Pirate… dernièrement je fais une fixette sur Yelle. A ce rythme le podcast pourrait durer 150 épisodes !
Entretien réalisé par Sandrine Mocquet
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