Leur musique unique n’a pas de nom, ou plutôt porte le leur, Budos Band, un mélange des genres inégalé que l’on retrouve avec bonheur sur leur 5e album paru sur le label Daptone.
La sortie d’un nouvel album du Budos Band est toujours un petit événement, car on ne sait jamais vraiment à quoi s’attendre lorsque ces 9 compères se réunissent. En 2004 le groupe enregistre son premier album chez Daptone Records, un album instrumental mélangeant Funk, Afrobeat et Ethio-jazz et qui fut le point de départ de leur aventure avec Daptone. Certains ont, en parallèle, intégré les Dap-Kings ou le Menahan Street Band mais ont toujours gardé une part psychédélique à partager avec leurs potes.
Quelques années plus tôt, les gars avaient eu une révélation en découvrant un tout nouveau groupe d’Afrobeat, Antibalas, basé comme eux à Brooklyn. A l’époque, en 1998, le noyau dur du Budos jouaient des reprises Funk sous le nom de The Bullet, et la découverte de cette musique afro les a influencé et donné envie de créer eux aussi un mélange des grooves.
Depuis 15 ans le son du groupe a bien évolué, chaque album s’enfonçant un peu plus dans des références, Heavy Metal et psychédéliques, mais toujours en se mélangeant subtilement aux grooves des débuts.
Ce 5e album, sobrement intitulé V est le plus brut et le plus rock du lot, et peut-être le plus authentique aussi. Après le succès du précédent album Burt Offering en 2014 (déjà plus rock que les précédents), le groupe a pris un peu de distance. Thomas Brenneck (leader et guitariste) et Jared Tankel (saxophone) sont parti habiter sur la Côte Ouest et on aurait alors logiquement pu penser que le groupe avait fait le tour de son sujet et s’arrêterait là… mais que nenni. Malgré la distance, cette bande de potes de plus de 20 ans qui partage la même folie musicale a réussi l’exploit de faire le disque qui leur ressemble le plus.
L’album s’ouvre sur Old Engine Oil, l’un des morceaux les plus représentatifs de leur musique (d’après Brian Profilio, le batteur du Budos), et sur lequel l’intro bien rock à la guitare / batterie est vite enveloppée par une nuée de cuivres ardents, c’est ce fameux mélange des genres qui leur colle à la peau.
Il n’y a pas 2 morceaux qui se ressemblent, l’intro à la basse de Ghost Talk rappelle vraiment l’afro groove des débuts quand celle d’Arcane Rambler bénéficie d’expérimentations sonores très 70’s.
Il y a le morceau Maelstrom avec son intro à l’orgue, sa trompette puissante, et sa guitare saturée qui fait sensation, ainsi que l’hispanisant Veil of Shadows dans lequel le duo de cuivre (trompette et saxophone baryton) se balade entre les Fania All Stars et les Tower of Power.
L’album se conclut (un peu rapidement) sur Valley of the Damned, dans une ambiance de combat final digne des meilleurs westerns spaghettis.
Conclusion : On adore ces riffs de guitares qui se mélangent aux longues séquences cuivrées, ces ambiances mystérieuses et angoissantes qui s’étirent… et après 2 ou 3 écoutes on est pleinement convaincu et happé dans leur univers.
Arnold PIJOT