La saison 2 de « Secret City » nous présente à nouveau un gouvernement australien aux prises avec une « menace intérieure » créée en fait par un encombrant allié trop puissant, mais échoue cette fois à nous passionner.
Comme c’est malheureusement le cas de nombre de séries TV, après un démarrage intéressant dans sa première saison, Secret City déçoit franchement dans sa seconde… Il y a d’abord un thème un peu moins original, puisqu’on brocarde ici la privatisation des conflits et l’ingérence de sociétés privées surtout avides de profit dans le jeu politique, mettant en péril le processus démocratique dans le contexte pourtant très sensible des relations entre l’Occident et le Pakistan. Mais il y a surtout une accumulation peu vraisemblable de coïncidences visant à mettre en relation deux intrigues séparées, dont l’une paraît passablement capillotractée, voire franchement ridicule (la femme chinoise d’un haut responsable du renseignement se livrant à du trafic d’armes du fait d’une addiction au jeu…), et qui sera d’ailleurs à proprement parler bâclée, voire même ignorée lors de la conclusion précipitée de la saison.
Malgré un premier épisode pour le moins époustouflant, et qui laisse présager une saison sous haute tension, il est donc difficile de se laisser embarquer par une histoire qui multiplie de manière assez peu cohérente les scènes de suspense, conduites à toute allure au son d’une musique électronique bien convenue, surtout lorsqu’on réalise les faiblesses flagrantes dont souffre cette fois Secret City : car il règne sur la série un vague sentiment de déjà vu, d’utilisation de ressorts dramatiques déjà un peu fatigués, mis en scène certes efficacement mais sans grande imagination.
Dans ce contexte, on est même désolés de devoir admettre que le charme pourtant redoutable de la très belle Anna Torv ne suffit pas à compenser ces faiblesses, et que son personnage d’ex-journaliste et ex-taularde s’impliquant envers et contre toute logique dans un bras de fer contre le gouvernement australien ne fait guère de sens.
Même s’il est honorable de questionner, comme dans la première saison en fait, l’alignement « obligé » d’un « petit pays » comme l’Australie sur les Grandes Puissances (ici, ce sont les Etats-Unis qui ont remplacé la Chine comme « ami abusif »), et de pointer les limites du fonctionnement de la démocratie lorsque les intérêts politiques conduisent les gouvernants les plus honorables à mentir à leurs citoyens (oui, c’est une banalité, mais bonne à répéter…), cette seconde saison est trop mal construite et trop maladroitement conclue pour s’élever au dessus du divertissement sans conséquences.
Il n’est donc pas certain qu’on ait très envie d’une suite à Secret City !
Eric Debarnot