Et la chute de Black Mirror continue… Même si l’on craignait le pire après l’amère déception de la quatrième saison, nous croisions les doigts, le pire n’étant jamais certain. Malheureusement, la catastrophe de ces 3 épisodes dépasse littéralement l’entendement…
Ce qui est triste, finalement, ce n’est pas l’échec radical de cette nouvelle série de 3 films venant s’ajouter à la saga Black Mirror, mais c’est qu’il contamine définitivement les bons souvenirs qu’on pouvait garder des toutes premières saisons de ce qui fut, au début, une oeuvre intelligente, stimulant notre réflexion sur l’impact des nouvelles technologies sur la société et sur nous… soit quand même, après la situation environnementale, le sujet le plus important de ce siècle… Revue de détail…
La saison commence par un épisode (Striking Vipers) qui pourrait être le plus intéressant s’il allait jusqu’au bout de son sujet, qui questionne l’évolution de la sexualité sous influence du « sexe virtuel ». Mais, rapidement, le scénario se bloque sur une vague plaisanterie gênante, indigne de notre époque que l’on espère plus évoluée que ça : est-on gay parce qu’on fait l’amour dans un jeu vidéo avec l’avatar féminin de son meilleur ami ? Une fois qu’il a répondu « non » et ainsi soulagé la conscience de nombreux gamers qui ne font pas partie de la frange la plus progressiste de la société, l’épisode ne sait plus quoi raconter et se termine piteusement… On se demandera en outre pourquoi avoir tourné ce film à São Paulo si ce n’est pas pour en faire quoi que ce soit ?
Smithereens, le second épisode est un thriller plutôt réussi autour d’une prise d’otage pas comme les autres, portée d’ailleurs par le toujours excellent Andrew Scott. Le problème est que tout cela est totalement hors sujet par rapport au thème de Black Mirror, si ce n’est – je plaisante – dans sa leçon de morale sponsorisée par la Prévention Routière, et dans son très lâche dédouanage final de Zuckerberg qu’on voit pleurnicher en jurant qu’il n’a jamais voulu que Facebook devienne un tel monstre.
Mais c’est le troisième épisode, Rachel, Jack and Ashley Too, le plus pitoyable de toute l’histoire de la série, qui enfonce le dernier clou dans le cercueil de Black Mirror : il s’agit ni plus ni moins d’une comédie teen américaine (disneyienne, même…) ridiculement convenue, et clairement offerte à Miley Cyrus pour qu’elle puisse défendre sa « crédibilité rock » face aux vilains producteurs qui lui font enregistrer, la pauvrette, de la mauvaise musique commerciale. Tout ici est niais, laid et fondamentalement inepte, sans parler même du « happy end » final grotesque (un happy end dans Black Mirror !).
Conclusion : R.I.P. Black Mirror.
Eric Debarnot