Après une année passée sur les planches du Walter Kerr Theater à Broadway, Bruce Springsteen a réservé à ses fans la surprise d’un album solo Western Stars, qui était dans les cartons semble-t-il depuis presque deux ans. Pas de répit pour le songwriter américain, qui prépare pour la fin de l’année un album avec le E-Street Band augurant d’une possible tournée très attendue !
La pression montait jour après jour chez les addicts du New-Jersey boy, chauffés à blanc par un plan marketing au cordeau de la maison de disques Columbia. Ont été distillés sur les réseaux sociaux jusqu’à la sortie de l’album le 14 Juin dernier trois titres : Hello Sunshine, There goes my miracle et Tucson Train. Des titres accrocheurs… sans que l’artiste américain ne pointe le petit bout de son chapeau de cow-boy pour la moindre interview, la moindre promotion.
De toute évidence au vu des charts US, il pouvait s’en abstenir puisque l’album caracole en tête des ventes.
A presque 70 ans printemps, que reste-t-il à prouver, à raconter à cet incroyable performer dont les concerts restent inoubliables pour ses fans ? A prouver rien sans aucun doute, il est quasi statufié outre-atlantique. Des histoires à raconter, il en a encore en réserves comme le démontre cet album à la tonalité sixties, « influencé par la pop sud-californienne ». Bruce possède cet art d’évoquer émotions, sensations, petites ou grandes destinées avec des flots de mots à la puissance évocatrice sans égal chez ses pairs.
Bruce Springsteen sait toujours autant nous embarquer sur la route, dans une belle ricaine aux chromes rutilants ou une moto. Pour un voyage apaisé ou torturé selon l’humeur de cet homme qui s’il semble s’être assagi, laisse deviner la tempête sous son crâne.
Ses inspirations, ils les trouvent peut-être dans la littérature ou le cinéma… ou bien sur ses terres de Freehold NJ ou d’Asbury Park… Bruce est l’un de ceux qui ont le mieux raconté l’Amérique, avec rage et sensibilité.
Sur cet album, la voix reste inchangée avec ce grain reconnaissable entre tous. Cette voix rocailleuse qui est toutefois plus douce, qui s’envole même de façon presque lyrique sur There goes my miracle.
Un léger spleen flotte sur certains titres : Moonlight hôtel ou Drive fast, parmi d’autres plus enlevés encore que !
Quoiqu’en disent les critiques US dithyrambiques et manquant sans doute un poil de distance avec leur sujet, on peut reconnaître que cet album offre quelques titres moins captivants, moins engageants que d’autres. En cause certains excès de violons (et c’est une ancienne violoniste qui le dit !) sur certains titres avec des chœurs moyennement digestes notamment sur le titre Wayfarer pourtant prometteur aux premières notes.
Des titres coup de cœur ? Somewhere North of Nashville et Hitch Hikin. A consommer sans modération.
En résumé, Bruce Springsteen a présenté un projet musical différent des précédents. Se renouveler n’étant pas chose aisée, on peut souligner l’exigence inchangée de cet artiste hors-norme. L’écoute de l’album dans son intégralité se révèle plaisant même si parfois un peu plus d’épure (à mon très très humble avis) aurait permis à certains titres d’être plus percutants.
Pas de concerts a priori pour découvrir en live cette nouvelle production. Dommage car la présence sur scène de Bruce est intacte. Sa prestation à Broadway était intense et enthousiasmante. Il n’y a plus qu’à patienter jusqu’en 2020 ! A moins qu’il nous réserve encore une surprise d’ici la fin de l’année…
Sandrine Mocquet
Bruce Springsteen – Western Stars
Columbia Records
Date de sortie : 14 Juin 2019