On rencontre une grande quantité de propositions de disques de solistes de piano mais peu d’œuvres marquantes, au rayon des coups de cœur récents, il y a assurément celui pour la musique du nîmois Dominique Charpentier. Raison de plus pour évoquer avec lui ses disques essentiels.
Un bien bel univers que celui du pianiste Dominique Charpentier repéré peut-être par certains d’entre vous pour sa B.O superbe de The Cakemaker, oscillant entre école impressionniste et minimalisme doux, alors que le milieu du piano solo est encombré par bien des ersatz de Dustin O’Halloran, de pâles copies d’Olafur Arnalds ou de Nils Frahm. Charpentier, en hésitant entre académisme et novation, se débarrasse de références trop grandes pour ouvrir son monde à d’autres nuances. Retour avec lui sur une généalogie musicale.
5 disques du moment :
Luca Longobardi – Plume
Plume, le meilleur album de Longobardi pour l’instant. Je connais cet artiste depuis longtemps, et je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il n’est pas plus connu. Il créé une musique subtile, belle, touchante et pleine de sens. Ici le son du piano « felt » (avec pédale de sourdine, la marque du genre modern classical) se mélange à la perfection avec des nappes de synthé discrètes mais envoûtantes. J’ai hâte d’écouter ces futurs projets.
Tuur mang Welten: – Tuur mang Welten
Waouh! Ça fait des années que j’essaye de mélanger des sonorités électros à un son de piano très doux, et jusqu’à présent je ne pense pas avoir réussi avec succès. Donc j’ai été ébloui lorsque j’ai découvert ce premier EP de Niklas Paschburg qui mélange à la perfection l’acoustique simple et discrète du piano à des gros sons électros. Parfait et inspirant.
Dirk Maassen – Avalanche
Si vous aimez le plus pur son d’un piano à queue en solo, c’est l’artiste qu’il faut écouter. Dirk Maassen compose des musiques où on sent très largement le côté improvisé lors de son processus créatif. C’est ce que j’aime, c’est simple, puissant, avec de belles mélodies et des arpèges envoûtants. Et à jouer c’est un régal pour un pianiste. Cet album amorce une progression intéressante pour Dirk qui tente de mélanger, avec succès, l’orchestre et son piano. Incontournable pour les amoureux du piano.
Federico Albanese – The Blue Hour
Un album intriguant, qui arrive à mêler parfaitement sonorités électroniques et piano acoustique. Time has Changed est ma piste préférée, une démonstration magistrale de ce qu’est le minimalisme en musique.
Hania Rani – Esja
Hania Rani est une vraie pianiste, dans le sens où elle a reçu une éducation classique complète, chose assez rare dans le milieu du modern classical (attention ça ne vaut pas dire que je dénigre les autres, n’étant pas moi-même un pianiste 100% classique, mais en bonne partie autodidacte). Mais c’est surtout une très bonne compositrice qui arrive à créer des pièces minimalistes et contemporaines très intéressantes. Certaines ont même une influence pop je trouve. Esja est son premier album et Hawaii Oslo est une pièce toute en finesse, où toute la subtilité réside dans le jeu de son interprète. Beauté, finesse et subtilité, tout ce qui manque souvent chez certains hommes.
5 disques pour toujours :
Fabrizio Paterlini – The Art of the Piano
Le meilleur album pour piano solo “doux” de tous les temps selon moi, tout simplement. Fabrizio a réussi à saisir l’essence même de la douceur et du romantisme de cet instrument tant adoré. Paterlini a été ma dernière influence marquante avant mon envol vers l’indépendance définitive en tant que compositeur (car c’est un chemin qui peut parfois être long). Après des études de musicologie j’ai eu une période où je créais des musiques compliquées, mais l’écoute de cet album m’a réconcilié avec une simplicité dans le processus de composition qui avait en réalité toujours été ma préférence.
Yann Tiersen – Le Phare
Tiersen, une révélation dès que j’ai entendu les premières notes de la Comptine d’un autre été présente sur la bande (non) originale du Fabuleux Destin d’Amélie Poulain. À peine adolescent j’ai tout de suite essayé de la rejouer à l’oreille tant j’étais obsédé par la beauté de cette pièce. Plus tard j’ai découvert Le Phare qui a été la confirmation de ce que pensais, Yann Tiersen est ma première et plus forte influence et a très fortement marqué mes débuts en tant que musicien et compositeur. Dans Le Phare j’ai été fortement impressionné par sa capacité à jouer de plusieurs instruments et à détourner des objets de la vie quotidienne pour faire de la musique. C’est ce qui m’a poussé à apprendre d’autres instruments autres que le piano en autodidacte. La Dispute restera toujours une de mes pièces pour piano préférées.
Muse – Origin of Symmetry
Que dire si ce n’est que cet album marque ma découverte de la musique rock ! Je suis littéralement tombé sous le charme de la voix de Matt Bellamy et de l’énergie sauvage et positive qui se dégage des compositions de ce groupe. Et puis le piano est très présent, mais utilisé de manière rythmique et rock, ce qui ouvrait de nouvelles perspectives au petit étudiant de piano classique que j’étais.
Ludovico Einaudi – La Scala : Concert 03 03 03
Cet album est un condensé de tout ce que j’aime chez Ludovico Einaudi: la douceur, la beauté éternelle, la spiritualité profonde et contemplative et la mélodie simple mais évocative. Il est particulièrement exceptionnel en live, je l’ai vu une fois et son charisme envahissait toute la salle, alors même qu’il jouait dos au public… Donc ce n’est pas étonnant que cet album live soit mon préféré.
Arcade Fire – Funeral
Aaaah. Arcade Fire. Un groupe original et inclassable, à la fois rock et classique je trouve. J’adore le choix des instruments qu’ils utilisent, il y a une grande variété de timbres et ils arrivent pourtant à les marier à la perfection, à la manière d’un orchestre classique. Funeral est censé être leur album le plus triste, je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est le plus beau à mes oreilles.
Le dernier disque de Dominique Charpentier, Lou Vent et le reste de sa discographie sont disponibles sur sa page Bandcamp