De l’Argentine, on connaît finalement assez mal son cinéma « commercial », peu diffusé de ce côté-ci de l’Atlantique : El Hijo, second film du réalisateur du très remarqué El Patrón s’avère une assez jolie réussite dans le registre du film de genre.
Adaptation d’une nouvelle de Guillermo Martínez, El Hijo (The Son en version internationale) a surtout des airs de reprise – en inversant les rôles – du célèbre Rosemary’s Baby : l’enjeu est ici encore la création d’un bébé « parfait » du point de vue de l’un des deux parents, perfection ne correspondant clairement pas aux opinions de l’autre, ni d’ailleurs, à celles du spectateur… D’où la montée en puissance de scènes paranoïaques de plus en plus étouffantes, débouchant sur une conclusion (d’ailleurs assez similaire à celle du film de Polanski) qui est la découverte du « bébé »… avec une différence majeure, qui, et c’est la relative faiblesse du scénario de El Hijo, ne va pas jusqu’au bout de sa logique (les théories évolutionnistes, l’approche scientifique de la grossesse, etc.) et nous laisse finalement un peu trop confortablement penser que tout cela n’a été finalement que le résultat du délire d’une mère mentalement instable, succombant aux fadaises de bien des « bobos » new age sur la bonne manière d’élever un enfant.
Si l’on peut objecter à ce refus final de la piste fantastique, et surtout à une construction de la narration alternant deux temporalités, pour retarder artificiellement la découverte de ce qui s’est passé et ce qui a conduit Lorenzo, le père du bébé, dans la situation de crise où il se trouve, on doit admettre que Sebastián Schindel mène efficacement sa barque et construit une tension remarquable à partir de faits apparemment anodins, suivant en cela tout-à-fait les recettes du Polanski des années 70. Avec des acteurs impeccables, et en particulier un Joaquín Furriel tout en retenue et une Martina Gusman qu’on a plaisir à retrouver après Carancho, et une belle rigueur dans sa mise en scène, Schindel réalise donc un film passionnant (au moins jusqu’à sa conclusion décevante…), un film qui dépasse la réflexion (un peu convenue) sur la nouvelle place de l’homme dans une famille que la femme domine de plus en plus. Un film dont on se demande finalement si la plus grande pertinence n’est pas le fait d’avoir fait jouer à un homme un rôle traditionnellement dévolu aux femmes.
Malheureusement non sorti dans les salles françaises, El Hijo est visible sur Netflix, et confirme la bonne santé du cinéma populaire argentin, tout en nous donnant envie de (re)découvrir El Patrón: Radiografía de un Crimen, le premier film de Schindel datant de 2014.
Eric Debarnot
je comprend pas l’histoire d’un 2e bébé, parce que le père reconnais son fils avant de se faire tirer mais l’enfant qui est avec les amis c’est qui?
Nul sur toute la longueur, avec des flashbacks qui voudraient nous faire croire à un pseudo suspense
La fin est la plus grande queue de poisson que je n’ai jamais vue….
@ Simon
Je ne sais pas qui est le enfant, mais j avoue avoir été déçue quant à la fin du film.
Qu en pensez vous ?
De ce que j’ai compris, il s’agissait de faux jumeaux, ce que j’ai vu lorsque le père est allé dans le laboratoire et qu’il a vu une image représentant les jumeaux. L’un des deux a hérité d’une maladie de sa mère, maladie que sa mère a voulu traiter elle-même. Ce qui explique que la mère accepte les vêtements synthétiques, et laisse sortir le brun, car elle sait qu’elle a deux enfants. Le père soupçonne que c’est à coup de manipulations biologiques en lien avec les mollusques qu’elle a soigné le bébé mais on en est pas sûrs. Si ce sont des jumeaux, comment expliquer que les médecins n’en aient vu qu’un ? Lors de l’accouchement, le père n’a pu entrer dans la chambre, il y a donc tout à fait pu y avoir deux accouchements ce jour là. Ce qui est sûr c’est que le bébé chéri par la mère lui ressemble tandis que le bébé qu’elle laisse au père ressemble à ce dernier. Il me semble que le projet au départ était de donner le bébé qui ressemblait au père à Renato et Julietta, ce qu’elle a finalement réussi à faire. Elle sait que Julietta ne pourra pas la dénoncer si elle découvre la supercherie, car cela signifierait perdre son enfant adoptif… Ce film me semble être une métaphore ( entre autres)pour le mariage interracial, notamment avec l’histoire de blanchiment de la population qui caractérise l’Amérique du Sud. Les traits du bébé blond sont plus valorisés que ceux du jeune enfant brun et la mère veut le protéger à tout prix, même si ça ne la gène pas de se reproduire avec une personne pas assez parfaite à son goût.