Avec ce second recueil consacré à Edgar Poe, Benjamin Lacombe réitère son admiration pour l’homme de lettres américain, avec ses illustrations à la fois sombres et lumineuses.
Benjamin Lacombe s’est attelé ici au second volume des Contes macabres, sélection de nouvelles d’Edgar A. Poe, dont le premier remonte à dix ans. L’auteur nous a habitués au meilleur en tant qu’illustrateur des classiques de la littérature (Carmen, Notre-Dame de Paris…), et l’on est forcément déçu quand c’est un peu en dessous comme dans le cas présent.
En fait, la déception tient probablement en grande partie au choix des textes. Car parmi les six œuvres sélectionnées dans la bibliographie assez touffue de l’auteur américain, si cinq sont bien des nouvelles, l’une est un essai, Le Joueur d’échecs de Maelzel. Une lecture si fastidieuse, si technique qu’elle en devient inintéressante, représentant tout de même le quart du livre. Les nouvelles sont quant à elles de bon aloi, révélant l’humour, évidemment noir, d’un auteur souvent classé comme gothique, la plus belle, d’une poésie tragique et touchante, étant sans conteste Eléonora. Par ailleurs, on comprend mal l’intérêt d’avoir inséré en fin d’ouvrage cette longue dissertation, dont l’auteur, vraisemblablement un contemporain de Poe, n’est même pas mentionné. Rédigée dans un style quelque peu nébuleux, elle est une succession de considérations diverses sur la société de l’époque, le socialisme, la littérature ou la poésie, dont on peine à saisir véritablement les tenants et les aboutissants, si ce n’est que son auteur prend le parti de l’écrivain-poète en défendant ce genre littéraire qu’est la nouvelle, dans une Amérique où il eut du mal à trouver sa place. Néanmoins, avec un minimum de persévérance, il sera possible d’en tirer quelques réflexions intéressantes. Au passage, saviez-vous que jusqu’à la fin du XIXe siècle, « poésie » s’orthographiait « poësie » ?
Et pour revenir au travail du sieur Lacombe, si ce dernier nous offre quelques jolies planches, dommage qu’il y en ait si peu, dommage que certaines soient moins plaisantes, moins pertinentes. Quant à l’effet de flou numérique utilisé parfois sur des personnages ou objets au premier plan, il faut bien reconnaître que ce n’est pas toujours très heureux. Mais que l’on ne se méprenne pas. Ces remarques ne remettent évidemment pas en cause le talent de l’artiste, dont on attend avec impatience la suite de sa bande dessinée sur Léonard de Vinci, Léonard et Salaï.
La qualité éditoriale est comme toujours remarquable, et même si l’on sait que c’est la marque de fabrique de la collection Métamorphose. Il n’est pas interdit de le rappeler…
Laurent Proudhon
Les Contes macabres, volume 2
Textes : Edgar Allan Poe
Illustrations : Benjamin Lacombe
Editeur : Soleil
Collection : Métamorphose
240 pages – 29,95 €
Parution : 28 novembre 2018
Les Contes macabres, volume 2 – Bande annonce :