L’homosexualité est au cœur du sujet du nouveau roman de Brigitte Giraud, Jour de courage. Comment révéler au monde qui l’on est, telle est la difficulté existentielle du principal protagoniste de cette histoire.
J’ignorais tout de Brigitte GIRAUD jusqu’à une lecture musicale mémorable à Caen il y a trois ans environ. Elle était accompagnée d’Albin de la Simone, excellent. J’entrepris alors de lire quelques-uns de ses récits, nouvelles : « Pas d’inquiétude », « L’amour est très surestimé », « Avec les garçons »… Et j’ai beaucoup apprécié la manière sensible d’exprimer les sentiments, de dessiner les failles des êtres.
En cette rentrée littéraire parait donc Jour de courage, nouveau roman de Jour de courage. Un jeune homme de 17 ans Livio prend le prétexte d’un exposé en cours d’histoire sur les autodafés nazis, pour révéler un secret qui l’étouffe, à ses camarades de classe ainsi qu’à son amie Camille qui éprouve des sentiments amoureux à son égard.
L’adolescent s’appuie sur l’histoire d’un médecin allemand Magnus Hirschfeld, fondateur de l’Institut de sexologie à Berlin. Ce médecin a lutté contre les discriminations faites aux homosexuels et l’article 175 du Code Pénal allemand qui réprimait « les actes contre nature entre hommes ». Sur la base de cet article, plus de 100 000 hommes furent envoyés en prison entre 1933 et 1945 et près de 10 000 hommes en camps de concentration.
Au fil de l’exposé de Livio se dessinent les réactions de ses camarades. On ressent les interrogations, l’hostilité, le malaise : « Il ne fallait pas être bien malin pour comprendre que depuis quarante minutes, Livio parlait de lui de sa fragilité, de son impossibilité à trouver sa place… Arthur avait été le premier à voir venir, à sentir monter en lui une violence qui devenait difficile à contenir».
Quelles seront les conséquences de ce jour de courage ? Quel sera le prix à payer par ce jeune homme pour avoir osé faire son coming-out ?
Les thèmes abordés dans ce roman sont hélas d’une cruelle actualité. La résurgence d’une homophobie décomplexée, un autodafé dans une petite ville de Pologne en 2019 ne sont pas des plus rassurants.
Malgré le talent indéniable de l’auteur, il m’a été toutefois difficile d’être totalement embarquée par cette histoire, de me lier à Livio. Légère déception donc à l’issue de cette lecture.
Sandrine Mocquet