Pour la première fois, Jean-Philippe Blondel aborde les thèmes de l’enfance et des années 70 dans un roman où il sera aussi question d’instituteurs vivant entre eux et désireux de faire évoluer leur condition.
Auteur attachant, capable d’évoquer des thématiques très variées, Jean-Philippe Blondel nous propose cette fois-ci une histoire d’instituteurs, et plus précisément un récit sur la vie d’un groupe scolaire dans les années 70. Il raconte la vie d’enseignants vivant en logement de fonction juste à côté de leur école. Il y a les Coudrier, les Goubert, les Lorrain et les Ferrant, ils ou elles s’appellent Christian, Philippe, Janick, Charles, Michèle et portent sans doute des sous-pulls en lycra vert pomme et des pantalons en tergall à carreaux. Ils ont connu 1968 mais travaillent encore dans des écoles de filles et des écoles de garçons. C’est la France pompidolienne, celle qui crie « Pompidou des sous », qui s’inquiète un peu du choc pétrolier de 1973 et qui découvre le mot « chômage » et surtout qui a plus que jamais soif de liberté et de découvertes.
Tout ce petit monde vit dans une sorte de communauté éducative, un microcosme scolaire où chacun sait tout de tout le monde, où les amourettes vont parfois bon train mais où les hommes et les femmes sont encore timides et n’osent pas forcément passer le pas qui les mènera du flirt à l’adultère.
On imagine bien Jean-Philippe Blondel avoir baigné durant sa jeunesse dans ce milieu des « instits entre eux ». Né en 1964, il a connu « la classe ouverte », où l’on travaillait avec les Bibliothèques de travail, une école où les enseignements découlaient de la pédagogie Freinet, cette nouvelle pédagogie mettant l’enfant au cœur de la classe, le responsabilisant, lui donnant chaque jour la parole, lui proposant d’écrire des « textes libres » qui seront ensuite imprimés et vendus aux parents contre quelques francs pour remplir les caisses de la coopérative dans le but de financer une classe verte.
Tout une époque avec des manière de « faire » et « vivre » l’école qui paraissent aujourd’hui biens lointains et que l’auteur D’Un hiver à Paris fait revivre avec une certaine nostalgie dans ce roman à l’écriture légère, agréable, jamais dénuée d’humour et de tendresse.
Jean-Philippe Blondel nous offre un joli roman choral, un portrait de groupe où les enfants tiennent autant de place que les parents, avec des hommes et femmes à la fois parents et enseignants, désireux de réinventer la société et de faire évoluer leur condition dans une époque en pleine mutation… cette des années 70 qu’a si bien filmée Sautet dans des films avec avec Piccoli et Romy Schneider.