On n’arrête plus le quatuor anglais The New Mastersounds qui avec un album tous les 18 mois risque de saturer le marché du groove anglais. Shake It, leur 20e LP (13 en studio/ 3 live / 3 compilations / 1 de remix) vient de sortir sur un tout jeune label, Color Red Records.
Pour l’histoire, The New Mastersounds ce sont quatre infatigables compères anglais venus de Leeds qui enchaînent les albums et les tournées depuis 20 ans déjà. Connus pour leurs morceaux instrumentaux à tendance jazz / funk, le groupe s’est fondé en 1999 après que Simon Allen (le batteur) et Eddie Roberts (le guitariste) – qui faisaient alors partie des Mastersounds dans les 90’s (groupe qui vécut 2 ans à peine) – aient recruté Pete Shand (le bassiste) et Bob Birch (le claviériste) en 1999 pour former les New Mastersounds.
En 2001 sort leur 1er album sous la houlette du DJ / producteur écossais de renom, Keb Darge, Keb Darge presents The New Mastersounds. Le disque eut de bonnes critiques et fut repéré par des DJ’s tels DJ Shadow, Cut Chemist…
En 2007 Bob quitte le groupe pour des raisons personnelles, il est remplacé par une autre figure locale, Joe Tatton, un habitué des collaborations groovy avec divers groupes et artistes issus de Leeds, tels la chanteuse Corinne Bailey Rae ou les percutants Haggis Horns.
Ils ont voyagé ensemble dans le monde entier pour partager leurs compositions, des USA au Japon en passant par toute l’Europe, partageant des scènes avec certaines de leurs idoles comme Maceo Parker, Fred Wesley, Art Neville…, sans jamais cesser de composer.
Une de leur force a toujours été de savoir s’entourer d’invités différents mais talentueux, des musiciens dont le style s’accorde à leur univers comme dans ce disque ou l’on trouve Mike Olmos à la trompette, Jason Mingledorff au saxophone et Jeff Franca aux percussions. Chacun de leurs 13 albums studios a donc eu une couleur musicale différente du fait de cet apport créatif sans cesse renouvelé.
Mais la vraie grande nouveauté avec Shake It c’est la participation sur la plupart des titres d’un seul chanteur, Lamar Williams Jr (fils du regretté bassiste des Allman Brothers, Lamar Williams). Un chanteur dont le timbre rauque et chaleureux permet de relever certains morceaux en leur donnant une teinte bluesy.
Je pense notamment à Let’s Go Back, un funk mid-tempo, dans lequel on peut également apprécier le jeu de guitare blues d’Eddie, car comme sur de nombreux autres morceaux le leader du groupe adore mettre en avant sa 6 cordes dans les genres musicaux qui lui sont chers. Il n’y a qu’à écouter le latin/funk de Taking Me Down pour s’en rendre compte, une belle énergie se dégage de ce morceau très rythmé avec sa guitare, bien aidé certes par les cuivres de leurs invités.
Layin’ Low, un agréable morceau instrumental mené par l’orgue de Joe et la batterie de Simon ressemble à du Booker T & The Mg’s des débuts, mais avec un petit quelque chose en moins.
Malgré quelques très bons autres titres comme Live Life Free, (qui je trouve serait mieux uniquement instrumental) ou la balade Lovely Daze, il y a à mon gout comme un manque d’âme à cet album.
C’est peut-être à cause d’un manque de prises de risques, (ce qui peut paraître légitime pour un groupe de 20 ans d’âge), mais Shake It malgré l’apport vocal de Lamar Williams Jr est je pense un album qui n’arrive pas à la hauteur par exemple de Made For Pleasure sorti en 2015.
Arnold PIJOT