L’histoire incroyable et mouvementée d’un tout petit énoncé mathématique, pour un tout petit ouvrage qui l’air de rien, pourrait bien réconcilier nombre d’entre nous avec les maths !
Au XVIIe siècle, lorsque Pierre de Fermat mourut, on retrouva dans son carnet de notes un énoncé dans son carnet de note. Le mathématicien, quelque peu facétieux, prétendait n’avoir pas la place pour inscrire la solution. C’est ainsi que pendant trois siècles, ses confères dans la discipline s’arrachèrent les cheveux pour tenter de résoudre l’énigme, quand ils ne se suicidaient pas… Ce n’est qu’en 1994 que la démonstration fut établie par le britannique Andrew Wiles !
Avec cette petite bande dessinée à la couverture souple qui se lit comme un fascicule (43 pages), Alexandre Kha s’est offert une parenthèse, loin des mondes fantastiques desquels il est coutumier. Encore que… Découvert à sa mort dans un exemplaire de son livre de Diophante, le théorème de Fermat postulait que (attention, on se concentre !) il n’existe pas de nombres entiers strictement positifs x, y et z tels que : xn + yn =zn dès que n est un entier strictement supérieur à 2.
A travers cette anecdote réservée aux initiés, l’auteur rend en quelque sorte hommage aux mathématiciens qui ont marqué l’Histoire (Pythagore, Archimède, Evariste Gallois, Sophie Germain, Paul Wolfskehl, Yukata Taniyama…) mais en particulier à Pierre De Fermat ainsi qu’à Andrew Wiles, qui fut le premier à découvrir l’énigme, il y a seulement vingt-cinq ans !
Si Le Théorème funeste peut se concevoir comme un ouvrage de vulgarisation, il faudra tout de même être familier des nombres et autres équations pour mieux appréhender l’objet. On pourra bien sûr se contenter de savourer l’envoûtant trait lunaire d’Alexandre Kha, plus minimaliste qu’à l’accoutumé mais conservant toute sa poésie, prouvant ainsi que celle-ci peut faire bon ménage avec les maths. Les mathématiques, qui pour beaucoup étaient une véritable hantise à l’école, appartiennent pourtant bien au monde de l’esprit, et à ce titre peuvent se révéler absolument fascinantes. Elles peuvent même paraît-il receler une très grande beauté pour certains. En nous faisant pénétrer un domaine pas toujours accessible au commun des mortels, à l’aide d’étonnantes métaphores graphiques, l’auteur nous invite peut-être aussi à nous initier en passant outre nos préjugés. Il est presque dommage que l’ouvrage soit aussi court, nous faisant un peu rester sur notre faim…
Laurent Proudhon
Le Théorème funeste
Scénario et dessin : Alexandre Kha
Éditeur : Tanibis
44 pages – 7 €
Parution : 21 août 2019