Une jeune italienne revisite avec talent l’art des estampes traditionnelles japonaises dans un style contemporain et très personnel, qui lorgne du côté du manga.
Elisa Menini a longuement étudié la technique des estampes japonaises (ukiyo-e). Née au XVIIe siècle, cette école a permis de démocratiser la très onéreuse peinture traditionnelle, en autorisant la reproduction en couleurs de grandes séries de dessins, très stylisés, à partir de gravures sur bois. Menini travaille ses planches à l’encre et au pinceau, puis ajoute numériquement des textures et des aplats de couleur.
L’album se décompose en sept mythes et légendes japonais. Certains, comme le tanuki de Takahata ou les kamis de Miyazaki, nous sont connus. Ces courts récits ne nous servent pas de morale, les méchants sont impunis et les coquins récompensés. Quoique puissants, ses esprits et démons ne cherchent pas à terroriser les humains, mais, tels de jeunes enfants immatures et amoraux, à se jouer d’eux.
Si ses personnages peuvent sembler stéréotypés, ses animaux sont magnifiques. Les métamorphoses du tanuki et du renard, la danse du chat ou le plongeon de la carpe sont somptueux et resteront longtemps en mémoire. Le très grand format des dessins facilite la lecture et permet d’apprécier le travail de l’artiste. Le papier épais et le cartonnage renforcent le plaisir de l’amateur séduit par tant de générosité. Un bien bel objet et une invitation au voyage.
Stéphane de Boysson
Nippon Folklore
Scénario et dessin : Elisa Menini
Traduction : Laurent Lombard
Éditeur : Ici Même
128 pages – 26 €
Parution : 23 août 2019