Découverte Jazz avec le trio Normand Black Pantone qui propose un premier album très contemporain (piano, contrebasse, batterie) et très réussi. Petite présentation du projet et interview avec la contrebassiste Clémence Gaudin.
Belle aventure dans une offre musicale foisonnante que de se lancer dans la réalisation d’un album de jazz. D’autant que les oreilles de nos congénères sont peu formées à l’écoute de musiques moins formatées, moins tapageuses que celles assénées par les médias mainstream. 1er prix du tremplin Des rives et des notes, festival jazz à Oloron, le trio Black Pantone constitué d’un pianiste Antoine Bouchaud, d’un batteur Martin Mabire et d’une contrebassiste Clémence Gaudin est plus que prometteur. Vraiment talentueux !
Les premières notes sautillantes au piano du morceau Nightingale donnent le ton d’un album qui nous fait voyager dans différentes contrées musicales. Pas étonnant quand on sait que ce trio évolue notamment au Havre, port ouvert aux influences venues d’horizons lointains.
Toute la fougue et l’énergie de ces jeunes musiciens s’expriment dans ce très beau projet jazz. L’album voit également se déployer de belles émotions chatoyantes et chamarrées. Parfois le mystère guette l’auditeur au détour d’un titre comme Monsieur Henri. Dans lequel transparaissent quelques réminiscences classiques (Bach) et contemporaines.
Crazy Z avec une introduction intrigante nous fait chalouper sous les tropiques. Puis la douce mélancolie de Tchaïkovski vient caresser nos oreilles avec une adaptation des plus élégantes (Barcarole de Juin). De nouveau le mouvement, une poursuite frénétique avec Cacao 40. Baby Seagull à l’intro chamanique s’envole vers des cieux radieux.
Une respiration avec l’avant-dernier morceau Olov’s Suite enveloppant et sur lequel un sax fait une apparition. Des pas de femmes, des guirlandes de notes au piano, des voix qui bruissent avant le début d’un concert, des violons qui s’accordent, des portes qui claquent. Encore des pas et ce piano vif pour un Prélude de fin.
Quelques question à Clémence Gaudin, contrebassiste du groupe :
Comment vous-êtes vous rencontrés ? Quels sont vos parcours respectifs ?
Nos différents parcours nous ont amenés à nous croiser dans une même jam session au Havre au printemps 2018. Le trio jazz étant une formule que nous apprécions tous les trois particulièrement, nous nous sommes donnés rendez-vous au début de l’été pour nous retrouver quelques jours. Face à une complicité rapide et évidente, s’en sont très rapidement suivies des compositions qui allaient devenir celles de l’album.
Antoine a un parcours jazz (piano) et classique (piano et percussions). Martin est un batteur complet qui touche tant au jazz qu’à la musique pop. Quant à moi (Clémence) j’ai également développé ce double parcours à la contrebasse, après 12 années de violon.
Quelle est la genèse de cet album ? Depuis quand y travaillez-vous ? De quels soutiens avez-vous bénéficié pour mener à bien ce projet ?
Nous avons composé durant l’été 2018 et avons rencontré le succès de notre sollicitation de financement participatif à l’automne, ainsi qu’une aide de la part du Volcan (Scène Nationale) au Havre qui nous à permis d’enregistrer nos pré-maquettes de l’album. Nous avons enregistré au SMH (Hérouville St Clair près de Caen) avec Isaac Azoulay en février 2019.
Quel est le rôle de chacun dans la composition de cet album ?
Chaque morceau a son histoire. Certains morceaux sont apportés par l’un de nous et arrangé à trois, mais la plupart est écrite directement à trois soit en jammant soit en superposant les idées de chacun en réaction en chaîne.
Quels musiciens vous inspirent (jazz, classique ou autre) ?
Nos inspirations sont éclectiques. Pour Antoine, ce sont Hiromi, Esbjorn Svensson (E.S.T.), Michel Petrucciani, Tchaïkovski, Sibelius, Saint-Saens, Robert Glasper. En ce qui me concerne, un faible pour les contrebassistes Larry Grenadier et Charlie Haden mais aussi les classiques Brahms, Bach ou plus rock Steven Wilson, Pink Floyd… Quant à Martin, ses musiciens fétiches sont Howard Shore, Steven Wilson, Freddy Hubbard, The Smiths, LCD Soundsystem…
Avez-vous des albums fétiches ?
Notre classement n’est pas dans notre ordre de préférence, mais ce sont nos albums coup de cœur :
Mythical River – Moutin Factory
Ode – Brad Mehldau
Big Calm – Morcheeba
Mezzanine – Massive Attack
The Raven that Refused to Sing – Steven Wilson
Avez-vous d’autres projets communs ou individuels ?
Nous jouons tous les trois dans d’autres projets où nous composons également. Pour faire simple, je fais partie d’un duo féminin Azure (pop, jazz, chanson, avec Betty Jardin) et mets également en musique des court-métrages en duo avec un bassoniste (Bruno Godard, production Dulciné).
Martin est membre du groupe Indie Pop/rock Indigo Birds, et de Superscream (Metal Prog). Antoine joue dans le Quartet World (Pape Cissokho, Jean-Jacques Schmidely, Jean-Marie Olivie) et accompagne des spectacles vivants avec la compagnie OkO (théâtre et danse contemporaine).
Il nous arrive de jouer des standards ensemble. Même si on appelle cocassement cette formule entre nous « Green Pantoufle ». Nous aimons tirer les ficelles de ces morceaux que nous connaissons tant et y apporter une touche personnelle, tantôt par la texture, tantôt par l’harmonie ou encore le rythme. On y prend beaucoup de plaisir car c’est une autre manière d’exprimer et tisser notre complicité.
Article et interview : Sandrine Mocquet
Black Pantone – Ni d’Eve, ni d’Adam
autoproduction
Date de sortie : 25 Septembre 2019
Prochaines dates de concert :
12 octobre 2019 : Café Mancel – Festival Pan – Caen (14) (complet)
16 janvier 2020 : Jazz à Table – Sainte Adresse (76)
28 avril 2020 : Côté Cour – Théâtre de Caen (14)