Dans la droite lignée d’un premier album paru en 2017, le duo Cigarettes After Sex continue de proposer des chansons bien trop sages et inoffensives pour ne susciter autre chose qu’un ennui poli.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Cry, second disque du collectif américain d’El Paso Cigarettes After Sex mené par le chanteur Greg Gonzalez faisait partie de ces albums que nombre d’entre vous attendaient pour cette année 2019. Sans vouloir rafraîchir votre enthousiasme et pour éteindre tout de suite toute forme de suspicion de méchanceté gratuite ou d’aigreur de hater numérique, déjà en 2017, le premier disque du groupe ne m’avait pas convaincu. Car ce qui tue Cigarettes After Sex de l’intérieur c’est cette incapacité à ne jamais se sortir d’une forme de linéarité par-trop prévisible. Bien sûr, chaque album contient ses pépites, Apocalypse sur le premier, Cry sur celui-ci. La musique de Cigarettes After Sex trouve ses limites dans ses faiblesses, dans son incapacité à traduire autre chose que de l’ennui. Même la voix singulière et androgyne de Greg Gonzalez s’imprègne vite d’un voile neurasthénique comme un Droopy qui aurait oublié d’être drôle.
Et puis, il y a ces guitares qui empruntent là aux Cocteau Twins, ici aux premiers Velvet Underground tous sous le regard bienveillant d’Angelo Badalamenti. Aucun grain de folie, aucun dérapage dans une musique bien trop sage. Greg Gonzalez, on l’imagine aisément comme le copain que l’on a tous eu un jour, vous savez, ce gars que la guigne semble poursuivre tout le temps, ni totalement malheureux, ni totalement heureux. Souvent tourmenté dans sa vie sentimentale, vaguement souffreteux, pas désagréable et bien gentil mais un peu lisse. Le copain que l’on s’empresse de perdre de vue ou plutôt que l’on finit par oublier tant il était inconsistant. C’est un peu cela la musique de Cigarettes After Sex, jamais honteuse ni désagréable, elle glisse sur nous sans vraiment laisser d’empreintes.
https://youtu.be/s1QCL9AGbO0
Assurément, Greg Gonzalez est un garçon cultivé qui maîtrise ses références mais qui ne parvient jamais à s’en délester contrairement à Barzin par exemple dans un registre assez proche. Et si finalement Cigarettes After Sex s’adressait soit à un public qui ne connaît pas ces références soit à un public qui cherche le confort des décors bien connus.
C’est peut-être Greg Gonzalez qui a le mot pour le mieux définir sa musique. Dans une chanson extraite d’un EP sorti en 2012, il disait « Nothing’s Gonna Hurt You Baby« . Et s’il avait raison ? Si sa musique se révélait somme toute totalement inoffensive, indolore et sans saveur au point de ne blesser personne ?
Greg Bod
Cigarettes After Sex – Cry
Label : Partisan Records / [PIAS]
Sortie le 25 octobre 2019