Pour leur nouvel album nommé 2066, le sextet de Funk Allemand nous invite à monter dans son vaisseau-mère, le Mocambo, pour un voyage détonnant et chamarré.
Ecouter The Mighty Mocambos a toujours provoqué chez moi une certaine allégresse, tant leur plaisir de jouer se ressent même à travers les sillons de leurs galettes noires. Leur précédent album Showdown leur avait valu d’être invité sur la scène du Bataclan par Radio Nova pour sa « Nuit Zébrée », c’était en mars 2015. Habitués à de plus petites scènes, ils avaient ce soir-là pris avec fougue l’espace qu’on leur donnait pour séduire un public parisien pourtant pas franchement chaleureux.
On les avait découverts il y a une dizaine d’années comme backing band de la chanteuse Londonienne Gizelle Smith qui, depuis, leur fait toujours l’honneur apparaître sur chacun de leurs albums, car oui The Mighty Mocambos est un groupe instrumental mais qui fait toujours appel à quelques potes très talentueux pour enrichir sa musique (le chanteur de Soul Lee Fields, les rappeurs Ice-T, Charlie Funk ou DeeJay Snoop, et même le légendaire Afrika Bambaataa, l’un des fondateurs du mouvement Hip-Hop). Quand de telles pointures se joignent régulièrement à vous, c’est que vous leur avez prouvé vos qualités.
Mélangeant une fois de plus leur Funk à des sonorités afro, des voix Soul et des flows rappés, il en ressort 12 pistes d’une belle variété allant de la puissance émotionnelle grâce à la Soul de Lee Fields sur Where Do We Go From Here jusqu’au Hip-Hop old school de Bounce That Ass avec un duo en forme (Ice-T et Charlie Funk), en passant par Golden Shadow, une poursuite en voiture rythmée au son des cuivres et des percussions.
Sans être très originaux, la plupart des titres sont néanmoins séduisants par la qualité des interprétations. Pour les amateurs de sonorités vintages, on conseillera Today, un joli morceau de Deep Soul avec la jeune chanteuse et percussionniste Nichola Richards aux manettes, ou bien encore le Funk habité de Take On The World mené par l’incontournable Gizelle Smith. Quant aux amateurs de dancefloor, c’est plutôt vers Preaching On The Choir ou Superstrada qu’on les orientera, deux instrumentaux bourrés d’énergies positives.
Toujours aussi enthousiastes, ils s’inspirent pour leur univers de l’esthétique de Parliament ou d’Earth Wind & Fire et inventent un monde groovy qui leur ressemble, tout en fidélisant albums après albums leurs guests de luxe, les laissant même participer à la composition des morceaux.
C’est un vrai travail de groupe ouvert aux influences de chacun, mais il faut tout de même qu’ils fassent attention à ne pas trop s’éparpiller pour ne pas faire perdre la tête à leur fans. C’est un peu le problème de certains groupes actuels qui, à vouloir toucher un public plus large, perdent leur âme des débuts.
Leur originalité et leur grain de folie contagieux les distinguent néanmoins de la plupart des autres groupes du circuit européen et on peut regretter qu’ils ne bénéficient pas d’une meilleure visibilité pour faire atterrir plus souvent leur vaisseau-mère auprès du grand public Français.
Arnold PIJOT