Eddy Murphy fait son retour sur Netflix, avec Dolemite Is My Name un biopic assez poilant sur une figure du cinéma blaxpoitation : Rudy Ray Moore alias Dolemite !
Plus aussi présent sur les écrans et surtout au box office qu’il y a quelques décennies, Eddy Murphy fait son retour à 58 ans dans le costume d’un célèbre acteur du cinéma blaxpoitation des années 70, Rudy Ray Moore, un comédien de stand-up (décédé en 2008 à l’âge de 80 ans) qui va connaitre un certain succès auprès des populations noires sur les scènes de Los Angeles, avant de devenir une véritable vedette de cinéma parodique, alors très populaire dans les années 70, sous le nom de Dolemite.
Si l’on n’attendait pas forcément grand chose de ce biopic au sujet pourtant original, il faut bien avouer qu’au final c’est une bonne surprise.
Pour ce projet, les producteurs on fait appel à Larry Karaszewski et Scott Alexander – scénaristes des cultissimes Junior le terrible 1 et 2, mais surtout pour Tim Burton (Ed Wood, Big Eyes) ou Milos Forman (Larry Flynt, Man on the Moon). Excusez du peu.
Au casting, là encore, Eddy Murphy est plutôt bien entouré. On retrouve Craig Robinson et Tituss Burgess, mais surtout Wesley Snipes, assez méconnaissable mais génial dans le rôle d’un acteur cabotin de seconde zone qui se prend pour une star… totalement à l’opposé de ses rôles testostéronés des années 90. A noter aussi la présence de Snoop Dogg, au poil en animateur radio pour un magasin de disques comme on rêverait d’en trouver encore aujourd’hui.
Durant près de deux heures, le film retrace l’ascension de Rudy Ray Moore, réputé pour ses textes mêlant rimes et assez crus, pour ne pas dire grossiers, et qui deviendra cette icône improbable mais tordante de la blaxplotation, et dont le succès va démarre en 1975 avec le personnage de Dolemite dans le film du même nom.
Du cinéma fauché, mélangeant parodie policière, action, comédie, bagarres, kung-fu et érotisme graveleux, un peu à l’image de ce qu’étaient les films de Bud Spencer et Terence Hill à la même époque, ces nanars qui avaient pour nom On l’appelle Trinita, Attention, on va s’fâcher !, Deux super-flics…
Personnage extravagant, sans limite, avec sa gouaille, son charisme, son haut de forme et sa canne mais aussi précurseur dans son genre, Rudy Ray Moore va inspirer bon nombre de jeunes acteurs noirs de l’époque mais aussi sans doute de futurs rappeurs et autres MC aux Etats-Unis à la fin des années 70.
Ses productions resteront le symbole de ce cinéma « de ghetto » fait par des noirs et destiné aux populations noires qui se déplaçaient en masse pour pour rire des frasques graveleuses de Dolemite.
Un beau film hommage donc pour cet homme aux talents multiples, un showman qui était en avance sur son temps dans la manière de gérer sa carrière et de vendre ses films à des producteurs blancs au départ frileux et peu convaincus du succès potentiel du bonhomme.
Benoit RICHARD