Énième production fantastique de la maison Netflix, Eli bénéficie d’une bonne conclusion, malheureusement insuffisante pour lui permettre de trancher franchement sur le tout-venant des films de genre.
Quand nous étions – au moins certains d’entre nous -, très jeunes, il était possible d’aller se délecter honteusement, au cœur de la nuit parisienne, dans certaines salles qui proposaient ces films d’horreur au rabais à même de satisfaire nos penchants les plus obscurs. Aujourd’hui, le fantastique le plus nul a accès aux multiplexes, mais, soyons honnêtes, c’est quand même la plateforme Netflix qui a repris le plus vaillamment le flambeau du n’importe quoi, pourvu que ça soit fantastique, et gore aussi. La capacité du géant américain à nous proposer chaque mois un assortiment de mauvais films de genre reste surprenante, même si l’on sait qu’elle correspond à une logique de « remplissage de réservoir de films » qui n’a plus de rapport avec la qualité des films, ni avec leur rentabilité propre.
Cette semaine, penchons-nous donc sur le cas de Eli, récent film d’horreur mis en ligne, qui décline vaillamment toutes les qualités et les défauts habituels des productions Netflix (et du genre…). Côté positif, un sujet assez original, voire S.F. (le drame d’un enfant-bulle soumis à un traitement expérimental plutôt risqué…), une excellente introduction et une étonnante conclusion, qui à elles deux justifient presque de perdre une heure et demi de sa vie devant un écran. Le reste, c’est-à-dire quasiment tout le film, est relativement ennuyeux, déclinant sans conviction de pénibles jump scares et de non moins pénibles clichés évoquant le tout-venant de toutes les histoires de fantômes et de maisons hantées que nous avons patiemment ingurgitées toute notre vie durant. Comme les acteurs manquent complètement de conviction – au point qu’on souffre pour une Lili Taylor « momifiée » qu’on aimait bien à une époque – et la mise en scène n’ajoute aucune aspérité à un film désespérément lisse, il est difficile de dire grand chose de positif sur Eli.
… D’autant que l’on peut craindre que cette fameuse fin – originale et un peu excitante – ne constitue un prétexte idéal pour nous pondre des Eli 2, Eli 3, etc. !
Eric Debarnot