Repérés au milieu des années 2000, les anglais d’Editors font le bilan à l’occasion de la sortie de leur premier Best Of. Constat sans appel, leur rock inspiré par la new wave s’est sacrément détendu au fil des ans.
Surfant sur le renouveau rock du début des années 2000 aux côtés de Franz Ferdinand ou Block Party, les Birminghamiens d’adoption ont toutefois été comparés à des formations plus sombres tel qu’Interpol, partageant les mêmes références musicales avec voix caverneuses.
Leurs deux premiers albums (The Back Room en 2005 et An End Has a Start en 2007) se déclinent sous une forme classique, soit un rock indépendant qui dépoussière les heures glorieuses d’une new wave à coups de guitares remuantes. Puis, Editors explorera des arrangements plus électroniques pour finir en formation synthé-pop aux sonorités plus commerciales dira-t-on.
De leur première période, cette compilation retient les superbes premiers singles Munich et Bullets qui posent les jalons de leur style nerveux et lyrique la fois. Dans la même veine, on retrouve An End Has A Start et The Racing Rats, deux titres datant de 2007 qui maintiennent l’urgence, la voix de Tom Smith étant d’une grave solennité.
Malgré une dynamique efficace Smokers Outside The Hospital Doors – tiré du même album – s’abandonne à l’emphase. Dans une approche confidente, Tom Smith se met en valeur, accompagné d’un piano et d’arrangements somptueux sur Ocean of Night sorti en 2015 où encore sous forme de clin d’œil aux grandioses Echo And The Bunnymenen, se parant d’une voix de crooner néo-romantique et accompagné de guitares épiques sur A Ton Of Love (2013).
Editors s’ouvre aux tendances et se transforme en machine électro pour le meilleurs notamment sur Papillon (2009) et leur dernier single en date Frankenstein (2019). Les synthétiseurs rugissent, loin des sons passéistes, les guitares rappelant l’insouciance funk ou pop pour un résultat d’une belle efficacité pendant que No Harm catalyse le spectre de synthèse et fait oublier les tentatives commerciales.
Les récents Hallelujah (So Low), Magazine et l’inédit Upside Down peuvent donner des sueurs aux fans de la première heure mais sauront en conquérir d’autres.
En bonus, un second disque comprend des versions acoustiques et sert parfaitement la voix ténébreuse du chanteur.
Ce Best-of concilie donc deux versants d’une même pièce, aussi différents que complémentaires.
Mathieu Marmillot