A Prague, une femme prétend se faire dicter des partitions par le pianiste Frédéric Chopin décédé en 1849. Un journaliste mène l’enquête en vue de réaliser un documentaire. Supercherie ? Mystification ? Manipulation ? Difficile d’y voir clair dans un pays post-communiste où la suspicion règne encore.
Nous sommes à Prague en 1995. Un journaliste de la télévision, Ludvík Slaný, est chargé de réaliser un documentaire sur une étrange femme qui prétend que le pianiste Frédéric Chopin lui apparaît régulièrement pour lui dicter des partitions inédites. Intrigué et suspicieux, notre journaliste se paie les services d’un ancien agent communiste afin de mener à bien son enquête et surtout pour vérifier si tout cela ne relève pas de la supercherie.
Commence alors un véritable roman-enquête destiné à faire la lumière sur cette étrange histoire dont toutes les composantes semblent indiquer que cette Věra Foltýnova, une femme d’apparence sans histoire et très ordinaire, ne ment pas.
Au fil des pages, il va naître une relation mêlée de complicité et de suspicion entre Věra Foltýnova et Ludvík Slaný. Il va la faire suivre, lui poser des questions pièges au cours de leurs divers entretiens afin de tenter de déceler ses failles, ses incohérences…
C’est donc un récit bien étrange que nous offre là Éric Faye, un récit dans lequel le doute plane en permanence… et s’il y avait des choses que l’on ne peut expliquer ?
L’écriture fluide et directe de l’auteur de Il faut tenter de vivre et Nagasaki fait que l’on ne lâche jamais cette drôle d’enquête, pleine de fantômes. Malgré les différents points de vue, on prend un vrai plaisir à suivre cette histoire abracadabrante dans une Tchéquie post-communiste où les croyances mystiques et la suspicion semblent bien résister au temps.
Inspiré de la vie de Rosemary Brown, compositrice et pianiste anglaise qui se disait médium et en contact avec de grands musiciens décèdes (Debussy, Liszt, Schubert, Chopin…), La Télégraphiste de Chopin est un joli roman d’atmosphère, avec un sujet original, comme souvent chez Eric Faye.
Benoit RICHARD