Grosse réussite cool, déjantée et très musicale aussi que cette Gonzaï Night 2020 à la Maro, avec Le Villejuif Underground et Bryan’s Magic Tears, deux groupes importants de la scène parisienne !
Pour la reprise de l’année vingt-vingt, alors que Paris reste largement paralysée par la grève des transports et qu’il faut bien du courage aux piétons forcés pour sortir de chez eux et rejoindre les salles de concerts, nous avons joué la sécurité en pariant sur la soirée Gonzaï à la Maroquinerie, avec les joyeux excités du Villejuif Underground (sans doute l’un des groupes les plus cools du moment !) en tête d’affiche, et le shoegaze incandescent de Bryan’s Magic Tears en support. Et avec une soirée alimentée en boissons par la maison Ricard, et annoncée comme archi-complète ! Déception impossible donc !
20h00 : la Maro n’est malheureusement pas encore bien remplie quand les Parisiens de Hoorsees montent sur scène. Hoorsees, c’est avant tout un auteur-compositeur, Alex (ou Alexin ?), qui s’est – judicieusement – adjoint l’aide d’un groupe percutant, pour nous proposer ses chansons en live. Alex d’ailleurs est un excellent chanteur – chose méritant d’être signalée, car les vocaux sont régulièrement une faiblesse des groupes français, même les meilleurs – et également un compositeur notable, puisque toutes les chansons jouées ce soir sont immédiatement catchy. Musicalement, disons qu’on est alternativement dans le Rock anglais à guitares et dans la ligne des 90’s new-yorkaises : même si on peut trouver ça et là des similitudes avec des groupes connus, toutes ces références sont parfaitement digérées et ne sautent pas aux yeux comme c’est parfois le cas. Hoorsees nous offre donc en ouverture de la soirée 35 minutes d’une musique élégante, plutôt inspirée, qui aura le bon goût de conclure le set avec une belle intensité sur TV & Bad Sports. Et en plus, ce qui ne gâche rien, Alex a un joli sens de l’auto-dérision (enfin, on espère…) quand il nous convie au stand de merchandising pour acheter leur disque, et aussi « admirer ses cheveux… ». Bref, Hoorsees, encore plus ou moins inconnu au bataillon, est une jolie découverte, une de plus, au sein d’une scène française vraiment réjouissante !
21h00 : On a le plaisir de retrouver Bryan’s Magic Tears, un groupe qui décidément ne déçoit jamais avec sa musique estampillée nineties, puissante, mélodieuse et parfois même agressive. Le son est excellent ce soir, et très fort qui plus est, même si la voix de Benjamin Porte est un peu sous-mixée. Bryan’s Magic Tears, ce sont trois guitares en fusion, portées par une rythmique impressionnante : pas de claviers cette fois, Lauriane se concentrant sur la basse, mais honnêtement, ça ne nous aura pas manqué. Durant 50 minutes d’un set qui montera à mi-course à des hauteurs étonnantes, on se laissera emporter dans un tourbillon sonique fascinant… et diablement bienfaisant, avant un final percutant sur un Son of a Witch qui balaie tout sur son passage. Oui, Bryan’s Magic Tears n’est pas loin d’être un grand groupe, de classe internationale : il ne nous reste plus qu’à regretter l’attitude des musiciens ce soir, particulièrement peu démonstratifs, voire peu amicaux (la fatigue ?). C’est dommage, avec un peu plus de communication et de générosité, leur musique en serait encore plus irrésistible…
22h20 : plus d’une demi-heure de retard pour Nathan Roche et son Villejuif Underground, on s’inquiète forcément un peu, craignant un set raccourci. Le public est désormais constitué en grande partie de fans hardcore du groupe, qui sont clairement ici ce soir pour s’amuser. On s’accroche à nos retours au premier rang, en se préparant pour une soirée agitée : gonzo ou gonzaï, comme promis !
Nathan n’a pas l’air trop en forme, entre son écharpe bien chaude qui lui entoure la tête et son explication quant au fait qu’il s’est bousillé le dos et qu’il ne pourra pas danser comme d’habitude (ordre de son ostéopathe !). Il nous explique bien vite qu’ils n’ont eu que le temps de répéter ce nouveau set une seule fois… avant-hier ! Et en plus, on remarquera que Nathan ne connaît pas les textes de ses chansons, puisqu’il doit avoir recours à des anti-sèches pour pouvoir chanter. Bref, la soirée ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, et de fait, le démarrage avec John Forbes et Back Packers est assez poussif, on va dire sympa au plus. Heureusement, le final de Haunted Chateau s’enflamme, et on peut comprendre un peu de quoi il s’agit en fait, avec ce Villejuif Underground paradoxal : un jeune artiste australien, dont le style peut évoquer un Lou Reed laid-back, a été pris en otage par une bande de banlieusards fous furieux qui ont sans doute un fond de nostalgie pour le bordel des années 90, quand entre la Mano Negra, les Wampas ou les Bérus, on savait s’amuser dans la capitale !
Sur scène, c’est un bordel sans nom avec le matériel disposé de manière précaire, avec pour chaque chanson quelques courtes discussions sur ce qu’il convient de faire, et de brefs moments d’improvisation générale, qui voient néanmoins le groupe retomber toujours brillamment sur ses pieds. On prend son mal en patience pendant ce démarrage de set un peu chaotique en admirant Thomas, le fantastique bassiste – malheureusement dans le noir, les éclairages ce soir étant en dessous de ce qu’on attend à la Maroquinerie – dont le jeu de scène spectaculaire n’empêche pas une redoutable efficacité mélodique.
Et puis arrive le morceau emblématique, le Villejuif Underground, et la Maro explose littéralement de bonheur : chaos complet dans la salle, le pastis a dû allumer la mèche, même si c’est une douche de bière qui retombe sur nos têtes aux premiers rangs. Au milieu de la furie joyeuse qui a transformé le parterre de la Maro en salle de récréation d’asile d’aliénés, nous reviennent les souvenirs de semblables moments de bonheur rock’n’rollien : difficile de croire que le Rock serait une musique de vieux, alors que nous sommes entourés de jeunes filles déchainées qui passent visiblement une très bonne soirée en sautant dans tous les sens et en hurlant de plaisir. Soit le genre de chose que tout le hip hop du monde ne pourra jamais leur (nous…) offrir !
A partir de là, pas de repos pour les braves : Wuhan Girl, Can You Vote for Me? et Post Master Failure sont avant tout d’excellentes raisons de faire n’importe quoi, de bousculer tout le monde. Sur scène, le Ricard coule à flot, d’ailleurs les musiciens de Bryan’s Magic Tears viennent prendre part à la fête, un verre à la main. Nathan paraît régulièrement dépassé par l’énergie et le positivisme de ses compères, visiblement très confiants dans leurs propres capacités à s’en sortir dans n’importe quelle situation !
On approche des 23h30 fatidiques, I Like Pernety serait presque la conclusion idéale, mais on rajoute un dernier morceau pour la route… Devant, nous nous sentons un peu fatigués pour le coup, avec des douleurs un peu partout du fait des coups pris durant la mêlée générale. L’aftershow commence dans la foulée, mais nous décidons de battre en retraite, après une soirée aussi riche en sensations fortes… D’autant qu’il faut songer à rentrer chez soi, sans métro…
Bref, nous Parisiens, aimons souvent considérer que la vie commence en deçà du périphérique, mais une chose est désormais certaine : Villejuif is burning ! »
Texte et photos : Eric Debarnot
La setlist du concert de Hoorsees
Intro
Major League of Pain
Get Tired
Merry Grime (Major League of Pain – 2019)
Give It Up
Horror Sees (Major League of Pain – 2019)
Boyhood (Major League of Pain – 2019)
Pitfall (Youth EP – 2017)
Overdry
TV & Bad Sports (Major League of Pain – 2019)
La setlist du concert de Bryan’s Magic Tears
4 AM (4AM – 2018)
Marry Me (4AM – 2018)
CEO (4AM – 2018)
Happy and Tired (Bryan’s Magic Tears – 2016)
Change (4AM – 2018)
Ghetto Blaster (4AM – 2018)
Slamino Days (4AM – 2018)
Sweet Jesus (4AM – 2018)
Son of a Witch (Bryan’s Magic Tears – 2016)
La setlist du concert du Villejuif Underground
John Forbes (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Backpackers (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Haunted Château (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Ghost of the Water (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Les Huîtres à Cancale (nouvelle chanson)
I’m Sorry J.C (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Le Villejuif Underground (Heavy Black Matter – 2016)
Wuhan Girl (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Since Everything Changes (le Villejuif Underground – 2016)
Can You Vote for Me? (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Post Master Failure (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)
Encore:
I Like Pernety (When Will The Flies In Deauville Drop ? – 2018)