A Montréal aussi, on sait faire de la musique bruyante, excitante, et en même temps accrocheuse comme il faut. Et en plus, là-bas, on n’a pas les mêmes complexes que nous, on chante en… Français ! Alors, amenez vos copains et copines et ne loupez pas votre sortie à quatre avec la Mort !
Puisque l’on s’extasie régulièrement sur la vitalité du garage rock, sans aucun doute le genre musical (dans le périmètre du Rock, hein !) le plus universellement pratiqué de nos jours, profitons d’une autre bonne nouvelle de ce début d’année venue de l’autre côté de l’Atlantique, de la très dynamique scène montréalaise… Voilà donc Double Date with Death (soit un joli nom de groupe !), un quatuor québécois ayant établi sa réputation sur scène avec des sets ravageurs : il s’agit là du deuxième album des Canadiens très énervés, après un Headspace déjà notable datant déjà de 2016, et c’est l’occasion idéale pour faire entrer ce groupe dans la shortlist de nos chouchous.
Comme au Québec, on ne plaisante pas avec la défense de la langue française à jamais acculée par l’impérialisme anglophone, Double Date with Death a opté cette fois pour un album tout en français, ce qui passe comme une lettre à la poste sur les chansons les plus punks, mais désoriente un peu plus sur les (rares) morceaux moins speedés (finalement, on peut presque y retrouver des échos des débuts de nos Téléphone et Starshooter nationaux, comme sur le – presque – radio-friendly Trou Noir… ce qui n’est pas désagréable…). On sera d’accord en tous cas qu’il s’agit là d’une bonne idée, car du coup, Double Date with Death se différencie des milliers d’autres énervés pratiquant l’extrémisme sonore dans les toutes les caves de la planète.
A l’image de sa jolie pochette – qui pourrait illustrer un disque de King Gizzard -, le punk rock des québécois est désormais emprunt d’une juste dose de psychédélisme bien dans l’air du temps, comme le démontrent un Kodak ou un Fluorescent, qui explorent des ambiances plus pop, plus rêveuses même, et laissent percer quelques rais de lumière dans les sous-bois de l’impressionnante forêt millénaire de l’illustration. Mais, et c’est heureux, l’Au-delà se distingue toujours par une énergie ravageuse et un jusqu’au-boutisme rafraîchissant : cette musique va vite, très vite même, au fil de riffs sauvages portés par une basse tellurique, et on se réjouit à l’avance à l’idée des pogos sauvages que susciteront immanquablement des brûlots comme l’épique introduction de Forêt, le semi-instrumental Copier-Coller, ou l’irrésistible Princesse de l’au-delà. Reste que les compositions font preuve d’un véritable sens de la mélodie, qui leur permettra de séduire un public allant au-delà des forcenés du garage punk.
Finalement, L’Au-Delà n’a qu’un seul véritable défaut, sa brièveté : avec 21 minutes seulement au compteur, il nous est difficile de ne pas nous sentir frustrés quand un Jeu Funiculaire particulièrement séduisant clôt, bien trop tôt, les hostilités…
Eric Debarnot