4 ans après Singing for the good times, Martha High confirme plus que jamais qu’elle est bien installée en Europe. Elle revient avec un nouvel album, toujours sous la direction de Luca Sapio, pour un résultat Soul atypique qui ne devrait pas avoir de mal à trouver son public.
Vétérante de la Soul US, Martha High a eue plusieurs vies musicales, la plus longue étant auprès de James Brown pour lequel elle fut d’abord une jeune choriste, puis une amie et confidente durant plus de 30 ans.
Elle a débuté sa carrière adolescente, au début des années 60, en intégrant un groupe vocal féminin de Washington nommé The Jewels après avoir croisé la route de Bo Didley (qui a lancé sa carrière), puis celle de George Clinton (qui a participé en 1964 à un de ses premiers hits avec The Jewels Opportunity).
Mais c’est auprès du Godfather qu’elle peut enfin évoluer et découvrir la dure vie en tournée avec James et les JB’s. C’est elle que l’on peut entendre tenir la note sur l’introduction de l’un de mes morceaux préférés de James Brown, The Payback enregistré en 1973. Ok, elle n’apparaît pas dans les crédits de la chanson ni sur l’album, mais à l’époque, la vedette « incontestable » était James et il était souvent compliqué pour ses très nombreux collaborateurs d’avoir un peu de lumière. Il leur fallait se battre et garder patience, ce que Martha a su faire.
Au début des années 2000, elle lâche James Brown comme tant d’autres l’ont fait avant elle pour entamer des collaborations avec d’anciens JB’s (Marva Whitney / Lyn Collins / Bobby Byrd / Maceo Parker / Fred Wesley …) avant de se lancer dans une carrière solo avec des albums Soul relativement réussis. On peut citer It’s High time en 2009 enregistré aux USA, puis Soul Overdue en 2012 avec le groupe anglais The Speedometer, et Singing for the good time en 2016 avec la collaboration du chanteur et producteur italien Luca Sapio.
A chacune de ces sorties on sent une montée en puissance et une assurance grandissante à s’essayer sur de nouveaux morceaux, elle qui pendant très longtemps a interprété des chansons faites pour les autres. Grâce aux musiciens et producteurs qu’elle a rencontrés en Europe dans les années 2000 et qui lui ont proposé des créations faites pour elle avec des arrangements modernes, elle s’éclate dans une nouvelle aventure musicale.
C’est d’ailleurs toujours sous la houlette de l’italien Luca Sapio que s’est enregistré ce disque, Nothing’s going wrong, soutenu par un backing band 100% italien, The Italian Royal Family.
Alors qu’en est-il de ce nouvel album ?
Clairement Soul, un peu jazz, très 60’s avec des influences italiennes façon Morricone et consorts, (Face My New Future) l’album est contemporain de par les thèmes abordés très critiques envers l’Amérique actuelle (I Sing America), ou se voulant rassembleur (A Little Spark). Musicalement on y trouve tous les ingrédients de la Soul authentique, le mid-tempo sur A Little Spark , les cuivres luxuriants sur Walked Away et les chansons d’amour (I Still Have A lot to Learn about love), le tout teinté d’orchestrations typées « bande son de western spaghettis » comme sur Land of the Broken Promises ou l’on imaginerait bien Martha chanter dans le désert du Nevada en regardant la cavalerie pourchasser les indiens.
Ce mélange subtil donne à l’ensemble une couleur originale et classique à la fois, loin des surenchères d’effets que l’on peut parfois entendre chez des chanteuses plus jeunes. Certes, il vous faudra une écoute attentive pour apprécier totalement cette belle orchestration, mais cela tombe bien car c’est ainsi que l’on savoure la vraie Soul Music.
Arnold PIJOT
Martha High & The Italian Royal Family – Nothing’s Going Wrong
Label : Blind Faith Records
Date de sortie : 17 janvier 2020
Pour info elle sera en concert avec son groupe à la Petite Halle de La Villette le 30 janvier 2020.