Les Irlandais de Two Door Cinema Club ont confirmé jeudi soir à l’Olympia leur parfaite suprématie dans le domaine pas si à la mode de la pop classique. Avec, en bonus, un impressionnant Circa Waves en première partie.
Janvier, ce n’est pas la grande joie à Paris : le thermomètre a plongé au-dessous de zéro, la ville continue à être pétrifiée par les mouvements de grève, et tout autour de nous, la folie du monde ne s’arrange pas. Sans même parler du fait que nous n’avons encore que très peu de concerts pour nous consoler… Dans ces conditions, impossible de refuser une soirée forcément entraînante à l’Olympia avec nos amis de Two Door Cinema Club… qui nous avaient déjà offert un joli set en août dernier à Rock en Seine suite à la sortie de False Alarm, leur 4ème album plutôt réussi…
20h08 : on n’entend plus beaucoup de jeunes groupes anglais de nos jours qui s’attellent à la perpétuation de la belle tradition britannique du rock (mélodique) à guitares, ce qui fait que les 40 minutes joyeuses, dynamiques, et en tous points conformes à l’évangile selon St. Ray (Davies) et St. Paul (qui d’autre ?), proposées ce soir par Circa Waves nous ont semblé une vraie cure de jouvence. Oui en 2020, on peut encore composer des chansons accrocheuses, et les jouer à fond la caisse avec deux guitares sur une rythmique très énervée. Et faire danser toute l’Olympia qui n’est même pas venue pour vous. Belle découverte donc que ce premier concert – pour nous – d’un groupe qui a déjà une solide réputation de l’autre côté du Channel, et qui se distingue franchement du lot, grâce en particulier à un batteur forcené et à son leader, Kieran, un excellent chanteur, fort sympathique en plus, ce qui ne gâche rien. Sur un tempo rapide, Circa Waves enchaîne les mélodies accrocheuses, mais varie les tonalités, parfois plus pop, parfois plus agressives, toujours convaincantes. A noter le nouveau single, Jacqueline, particulièrement efficace… Il est temps que ce groupe trouve en France la reconnaissance qu’il mérite !
21h15 : Même intro robotique qu’à Rock en Seine, avec ce drôle de compte à rebours raté, même couleurs bleues et rouges – pendant tout le set de Two Door Cinéma Club -, même costard synthétique étriqué et pull à col roulé pour Alex, mais, plus encore qu’en août dernier, voilà un groupe qui a envie d’en découdre… à 1000 lieues des musiciens fatigués du Casino de Paris en février 2017, qui nous avaient inquiétés quant à leur avenir.
Alex, avec son nouveau look et avec une petite moustache qui lui confère un look désuet so british, est visiblement désormais à l’aise dans son rôle de showman : enfuies la réserve et la quasi-timidité des débuts du groupe, voici un chanteur qui aime se donner en spectacle. A son côté, Sam ne quittera quasiment jamais en 1h20 un grand sourire… même si les verres de bon vin ont peut-être contribué à la bonne humeur générale… Mais, et c’est encore plus important, Two Door Cinema Club est désormais une véritable machine de guerre, et déploie une puissance inédite, tout au long d’une setlist couvrant les quatre albums du groupe, même si Tourist History, avec huit chansons, se taille toujours la part du lion !
Il y a donc évidemment les titres pour lesquels tout le monde vient les voir, les Undercover Martyn et I Can Talk pour lancer la soirée ou l’imparable What You Know pour nous faire oublier que dix ans déjà se sont écoulés depuis l’explosion du groupe… Il y a aussi des versions désormais bien supérieures à celles du disque des chansons funky de Gameshow, sans doute l’album le plus mal-aimé du groupe, et, enfin, quelques (peut-être trop) rares extraits du très synth-pop False Alarm… Et le tout se conjugue parfaitement, en dépit de la variété des styles… Peut-être est-ce là la preuve du professionnalisme d’ un groupe qui a dépassé l’inspiration post-adolescente des débuts ? Ou simplement le fait qu’Alex, après une période de crise, est désormais « in a good place » ? En tout cas, ce soir, le set ne sera que du pur plaisir, cette joie simple que donne la très bonne pop music.
Placés devant Sam, nous nous régalons de son jeu de guitare, très original et régulièrement impressionnant, quand il prend de beaux solos, comme sur Bad Decision. Parce que Two Door Cinema Club est principalement un groupe à chansons mélodiques, on a tendance à ignorer le talent musical du trio Alex / Sam / Kevin. Alex, lui, a varié avec le temps son style vocal, s’aventurant désormais parfois dans un chant plus grave, comme sur le très bon Satellite, qui évoquera une fois encore aux oreilles de ceux qui ont connu cette époque-là Heaven 17… A noter quand même que les synthés des quatre titres de False Alarm nous ont paru en grande partie enregistrés, ce qui est quand même dommage, surtout sur le formidable Dirty Air, même si on est évidemment ravis que le groupe soigne avant tout ses guitares.
Les trois musiciens du groupe – si l’on néglige, ce que l’on ne devrait pas, les deux accompagnateurs live – prendront la parole tour à tour, la plupart du temps en français (…et, pour Alex, un grand verre de vin blanc à la main !), témoignant d’un bon esprit qui ravit une Olympia quasi sold out ce soir. On regrettera donc qu’après le magnifique Sun, où le public reprend en chœur ce qui est sans doute le meilleur refrain de la riche discographie du groupe (« Although I’m far away / I know I’ll stay, I know I’ll stay / Right there with you / Though it might be too late / What would you say? What would you say? / What would you do? »), nous n’ayons pas eu droit à un rappel. Dix minutes en plus auraient permis de classer ce set comme une parfaite réussite… la prochaine fois, peut-être ?
Texte et photos : Eric Debarnot
Les musiciens de Circa Waves sur scène :
Kieran Shudall – voix, guitare
Joe Falconer – guitare
Sam Rourke – basse
Colin Jones – batterie
Les musiciens de Two Door Cinema Club sur scène :
Alex Trimble – lead vocals, rhythm guitar
Sam Halliday – lead guitar, backing vocals
Kevin Baird – bass guitar, keyboards, backing vocals
Benjamin Thompson – drums
Jacob Berry – rhythm guitar, beats, synthesizers, keyboards
La setlist du concert de Two Door Cinema Club :
Talk (False Alarm – 2019)
Undercover Martyn (Tourist History – 2010)
I Can Talk (Tourist History – 2010)
Are We Ready? (Wreck) (Gameshow – 2016)
This Is the Life (Tourist History – 2010)
Cigarettes in the Theatre (Tourist History – 2010)
Dirty Air (False Alarm – 2019)
Next Year (Beacon – 2012)
Do You Want It All? (Tourist History – 2010)
Bad Decisions (Gameshow – 2016)
Changing of the Seasons (Changing of the Seasons EP – 2013)
Satisfaction Guaranteed (False Alarm – 2019)
What You Know (Tourist History – 2010)
Lavender (Gameshow – 2016)
Satellite (False Alarm – 2019)
Eat That Up, It’s Good for You (Tourist History – 2010)
Sleep Alone (Beacon – 2012)
Something Good Can Work (Tourist History – 2010)
Sun (Beacon – 2012)
Très bon concert en effet ! Une belle énergie, une belle maîtrise ! Un chanteur dandy. Sun fut un très grand moment final qui a fait vibrer l’Olympia. Effectivement, je regrette qu’il n’y ait pas eu de rappel, ça laisse un goût amer en bouche !!