5+5 : les disques préférés de Marine Thibault et Charlotte Savary (SEYES)

Responsables de l’un de nos gros coups de cœur de ce début de l’année 2020, Charlotte et Marine, les deux talents derrière SEYES, nous parlent de leurs musiques préférées.

SEYES
Copyright NAKISSA ASHTIANI

Le duo français de SEYES s’est mis au défi de nous prouver avec son premier album, Beauty Dies, que l’électronique peut être organique, et que rêver ne signifie pas ignorer les insupportables violences de notre époque. Pari tenu, haut la main. Rencontre avec les deux filles du groupe évoquer quelques disques favoris du moment et de toujours.

5 disques du moment :

Moses Sumney – Aromanticism (2017)

Entre humanité et inhumanité, Moses nous plonge dans son intimité, et cet album au ralenti, d’une beauté envoûtante, aux réflexions existentielles, est d’une mélancolie profonde. L’utilisation de la machine, ses expérimentations vocales, sont sincères et troublantes. Un futur classique.

Kadhja Bonet – Childqueen (2017)

https://www.youtube.com/watch?v=uZhUL-FNBXU

Indéniablement fragile et complexe, cette artiste au timbre incroyablement proche de celui de Minnie Ripperton, a tout du titre de son album : une enfant, une reine, une femme afro-américaine, contemporaine, à la fois plongée dans le passé, comme le montrent ses productions vintage teintées de soul et de disco, mais qui semble aussi perdue dans sa modernité.

Patrick Watson – Wave (2019)

Patrick Watson évolue sans nous perdre tel le fil de sa voix nous tient depuis des années. Il conserve son penchant onirique, sa capacité à peindre des paysages sonores, à construire des pièces orchestrales sublimes, mais cet album à l’image de son titre, nous submerge d’une vague émotionnelle, au lyrisme sombre, au silence éloquent.

Julia Jacklin – Crushing (2019)

La voix de Julia, pleine de désillusions, rappelle Angel Olsen, pour sa folk désabusée, cette détresse contenue à travers laquelle percent des rayons de lumière. Résolument féminin dans ses interrogations, son envie d’aimer, mais aussi sa nécessité de se découvrir.

Alexandra Savior – The Archer (2020)

Cet album au style vintage a du chien, il nous embarque dans un road trip étourdissant. Sa voix sent la fumée, elle est parfois adolescente, mais aussi tellement féminine, tout en ayant cette séduction indéniable que la production très américaine vient compléter parfaitement. Une bonne alternative aux albums certes impeccables, mais très répétitifs de Lana Del Rey.

5 disques pour toujours :

Portishead – Roseland NYC Live (1998)

Cet album est exceptionnel dans l’univers des musiques actuelles pour ses arrangements mineurs et mélancoliques. Parfaitement dénudés, ne retenant que l’ultime, leur puissance crée un édifice sublime, sur lequel la voix fragile et sincère de Beth Gibbons transperce le cœur.

Amon Tobin – Permutation (1998)

De ses collages improbables sous forme de dentelles délicates, l’architecture sonore d’Amon Tobin relate avec force et sensibilité le monde complexe, violent et fascinant qui nous entoure.

James Blake – Overgrown (2013)

Avec ses synthétiseurs poussés à l’extrême, ses nappes envoûtantes et ses compositions minimalistes innovantes, Overgrown transporte une simple chanson au fin fond de l’espace. Entre machine et humanité, les alchimies de sa musique bouleversent nos sens, parfois même jusqu’aux larmes…

Agnès Obel – Aventine (2013)

Cet album est une porte ouverte vers un autre monde, son ambiance austère pourrait laisser de marbre, et pourtant cet opus d’une beauté délicate, semble hanté. Faussement dépouillé, il a pour nous le pouvoir de stopper la course effrénée du monde extérieur.

Radiohead – Ok Computer (1997)

Cet album est de chevet pour beaucoup, et nous n’y faisons pas exception. Encore un univers fort et unique, à la production sidérante, aux compositions impeccables, qui peut autant faire froid dans le dos, que nous envelopper dans une rêverie douce. Cet album à l’épreuve du temps est un marqueur de notre époque.

Janvier 2020