On peut dire que le combo milanais ne s’est pas reposé sur ses lauriers avec ses sept albums en treize ans d’existence. Toujours avides d’expériences nouvelles ils se sont, cette fois-ci, rapprochés de leurs premiers amours que sont les ambiances sombres et mystérieuses en les mêlant à des univers rétros et futuristes.
J’ai découvert les cinq gars de Calibro 35 en 2013/2014 avec leur 4e opus nommé Traditori di tutti et le petit concert parisien à l’Alimentation Générale qui accompagnait cette sortie. On pouvait lire à l’époque dans des magazines tels que Rolling Stone des critiques élogieuses à leur sujet comme « Calibro 35 fait à la musique ce que Tarantino fait aux films » ou encore « Calibro 35 est la chose la plus fascinante, la plus rétro-maniac et la plus authentique qui soit arrivée à l’Italie ces dernières années ». Forcément tout cela éveilla ma curiosité et c’est avec délectation que je les découvris sur scène, encagoulés façon braqueur de banque, pour nous délivrer une bande son héritée des films de gangsters des 70’s.
Leur musique a donc une esthétique très cinématographique, (que l’on peut retrouver en France chez des artistes comme Fred Pallem & Le Sacre du Tympan et dont je vous conseille fortement le dernier album l’Odyssée), et est inspirée par les grands compositeurs italiens comme Ennio Morricone, Stelvio Cipriani, Sandro Brugnolini et des groupes ou artistes aussi divers que Tortoise, Jaga Jazzist, Dj Shadow, Budos Band, White Noise, Comet is Coming, JPEGMafia… Le point commun que l’on pourrait leur trouver sont les expériences musicales et sonores qui font le succès de leurs œuvres.
Le quintet milanais amoureux des musiques de films de la grande époque italienne est revenu enregistrer ce disque dans le studio qui a vu naître leur premier opus éponyme en 2008, comme pour mieux se rassurer en regardant fièrement le travail accompli ces 13 dernières années.
Et une fois n’est pas coutume, l’album est lancé avec un morceau contenant un featuring vocal, Stan Lee, un titre au groove certain mis en avant par le flow du rappeur et producteur de Détroit Illa J, ancien membre des Slum Village et frère cadet du légendaire J Dilla.
Ce n’est pas la seule collaboration de l’album puisque une autre chanteuse rappeuse apparaît sur le morceau Black Moon, une jeune Londonienne du nom de MEI qui met sa verve au service d’un groove sexy.
Ils savent encore nous surprendre en mêlant des effets de synthés futuristes à des ambiances de vieux polars urbains (Automata), en créant des moments tantôt angoissants (Thunderstorms and Data), mystérieux (Death of Storytelling) (Tom Down), stressants (4×4), mais toujours avec un petit côté sexy et attirant. Par moment on a aussi l’impression d’entendre les Daft Punk à l’époque de leur collaboration avec Leiji Matsumoto pour l’album Interstella 5555 avec une basse disco dans une ambiance jazz/fusion notamment sur Fail It Till You Make It.
Ce qui est bien avec leur musique c’est qu’elle invite notre esprit à l’évasion, et qu’avec un peu d’imagination et en fermant les yeux nous pouvons imaginer nos propres personnages en les mettant en scène dans toutes sortes de situations.
Nos compères se vantent d’utiliser toutes sortes d’instruments, guitare, basse, batterie, percussions, xylophone, cuivres, flûte, synthés et diverses autres machines, mais toujours en direct sans programmation pour donner un son plus authentique notamment dans leurs concerts. Mais pour le vérifier vous devrez attendre un peu !
Ils joueront surement cette année dans des petites salles ou des festivals près de chez vous mais pour le moment seules des dates en Italie et Angleterre sont programmées.
Arnold PIJOT