Avec Have We Met, le leader charismatique de Destroyer, Dan Bejar, nous livre un album très personnel dans lequel il partage ses sombres états d’âmes.
Depuis près de 20 années, le groupe canadien Destroyer défend une pop cérémonieuse et accrocheuse. Avec un quatorzième album assez disparate, composé en partie avec le logiciel-son Garage Band, Dan Bejar retrouve son complice et producteur John Collins des New Pornographers. Les deux musiciens sont allés à l’essentiel : le chant et quelques broutilles synthétiques pour Dan Bejar, la basse et les programmations pour Collins. Quant aux guitares, confiées à Nicolas Bragg déjà croisé sur les disques précédents, elles sont soudaines, solaires et détournent les compositions de leur chemin tout tracé.
Construits sur des motifs rythmiques qui claquent, des basses qui clappent et des synthétiseurs spectraux, les dix titres invitent au questionnement dans un monde apocalyptique entouré de médias maléfiques, de villes dans lesquelles la mort et la désolation côtoient de drôles d’animaux… avec ce truc fascinant qu’a Dan Bejar à vous chanter l’affliction tel un crooner mystique.
Car sa voix atypique reste bien l’instrument le plus envoûtant de ce disque. Pour peu, danserait-on sur It Just Doesn’t Happen où se laisserait-on aller à parcourir une rue fantomatique avec ce piano entêtant de Crimson Tide. Les guitares cinématographiques de l’instrumental Have We Met naviguent dans des eaux troubles de l’introspection, tout comme The Television Music Supervisor et The Raven.
Exit donc les références trop voyantes, Destroyer pratique le camouflage stylistique qui doit autant à la Midi music qu’au yacht rock et nous offre un album intime auquel il ne nous avait pas habitué jusqu’alors.
Marmillot Mathieu