Le climat social insurrectionnel de l’Hexagone s’est invité au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, avec le sacre d’une fresque historique, Révolution, signée par deux jeunes auteurs encore inconnus, Florent Grouazel et Younn Locard.
Il ne vous aura pas échappé que l’accueil du Président Emmanuel Macron et de son ministre de la culture Franck Riester à Angoulême, qui s’étaient déplacés ce jeudi pour lancer l’année de la BD, a été plus que mitigé, en particulier pour les auteurs, très remontés concernant leurs rémunérations et leurs droits. Ces derniers restent également très vigilants quant au fameux rapport Racine censé améliorer prochainement leur situation. Il faut rappeler que 50% de la profession perçoivent des revenus atteignant tout juste le SMIC, tandis que 30% vit sous le seuil de pauvreté.
Ce mécontentement s’est répercuté dans l’attribution du Fauve d’or au premier tome d’une trilogie historique autour de la Révolution de 1789, trilogie baptisée tout simplement Révolution (n’est-ce pas ironique quand on sait que Macron a publié en 2016 un ouvrage intitulé également Révolution ?). L’album a été dessiné à quatre mains par Florent Grouazel et Younn Locard, et publié chez les éditions Actes Sud, généralement reconnues pour la qualité de leurs choix éditoriaux. C’est d’ailleurs un autre ouvrage d’Actes Sud qui reçoit le Prix Jeunesse, Les Vermeilles de Camille Jourdy, chroniqué sur Benzine. A noter que le prix du public revient après un an d’interruption faute de sponsor. Cette année, c’est France Télévisions qui s’y colle, mettant à l’honneur Chloé Wary, une jeune autrice de 24 ans, qui, avec Saison des roses porte le combat féministe en banlieue et dans l’univers du foot.
Femme sauvage et Acte de Dieu, deux autres ouvrages bien cotés sur Benzine, ont également reçu une distinction, le Prix Tournesol pour le premier et le Prix de l’audace pour le second. Rappelons que le Prix Tournesol, en marge du festival, récompense un ouvrage pour les problématiques écologiques et sociales qu’il développe.
Enfin, c’est Emmanuel Guibert qui reçoit le Grand prix, une belle reconnaissance pour cet auteur talentueux.
Le palmarès du Festival d’Angoulême 2020 :
FAUVE D’OR, PRIX DU MEILLEUR ALBUM :
Révolution, tome 1 : Liberté, de Florent Grouazel et Younn Locard (Actes Sud / L’An 2)
FAUVE PRIX SPÉCIAL DU JURY :
Clyde Fans, de Seth (Delcourt)
PRIX DU PUBLIC FRANCE TELEVISIONS :
Saison des roses, de Chloé Wary (Editions FLBLB)
PRIX DE LA SERIE :
Dans l’Abîme du temps, de Gō Tanabe et H.P. Lovecraft (Ki-oon éditions)
PRIX REVELATION :
Lucarne, de Joe Kessler (L’Association)
PRIX DU PATRIMOINE :
La Main Verte et autres récits, de Nicole Claveloux et Édith Zha (éditions Cornélius)
PRIX JEUNESSE :
Les Vermeilles, de Camille Jourdy (Actes Sud)
FAUVE POLAR SNCF :
No Direction, d’Emmanuel Moynot (éditions Sarbacane)
PRIX DE LA BANDE DESSINÉE ALTERNATIVE :
Komikaze #18 (Croatie)
FAUVE DE L’AUDACE:
Acte de Dieu, de Giacomo Nanni (éditions Ici Même)
GRAND PRIX DE LA VILLE D’ANGOULEME :
Emmanuel Guibert
FAUVES D’HONNEUR :
Robert Kirkman, Nicole Claveloux, Yoshiharu Tsuge.
Autres prix :
PRIX SCHLINGO :
Cher dictateur, de Fabien Toulmé et Caloucalou
PRIX TOURNESOL :
Femme sauvage, de Tom Tirabosco