Hommage à Nathalie Réaux (Pagan Poetry)

La chanteuse Nathalie Réaux nous a quitté le 15 février 2020 après un combat courageux contre une longue maladie. A la tête du projet Pagan Poetry, Nathalie construisait un univers magique et singulier, chez Benzine Magazine, on pense fort à elle aujourd’hui, à sa famille et ses proches.

Crédit photo : Thomy Keat (Pour Froggy’s Delight)

 

Son nom ne dira peut-être rien à certains d’entre vous mais si vous avez assisté à la tournée de Christophe Miossec en 2014 pour  son disque Ici-bas Ici Même, Nathalie Réaux rayonnait sur scène. Elle n’était pas seulement une simple choriste mais bel et bien un alter-ego du brestois au point de parfois le cannibaliser avec modestie et malice.

Une fois n’est pas coutume, je vais me faire un peu personnel dans cet article qui n’est pas tout à fait comme les autres. Nathalie Réaux, j’ai découvert son travail avant de rencontrer la personne, c’est une certaine Catherine Watine qui m’a introduit au travail de Pagan Poetry. En d’autres lieux et d’autres pages, je me rappelle avoir dit toute cette magie animiste que je ressentais dans la musique de Nathalie.

J’avais emprunté ces propos  à un philosophe :

« Le vrai langage nous prend au corps, non à l’esprit ; ou plutôt il va à l’esprit par voie indirecte. « Cela m’importe, et je n’en puis douter, car cela me remue. Mais qu’est-ce que c’est ? Que veut dire ce signe étrange, ce signe chargé de sens » ? Tout signe est énigme. Ici naît l’attention véritable. Car, aux signes bien clairs, nul ne fait attention. »

Alain

Nathalie et moi nous ne nous sommes rencontrés que deux fois, nous avons beaucoup échangé sur les réseaux sociaux. La première rencontre avec Nathalie ce fut alors que Miossec rôdait la tournée d’Ici Bas Ici Même au Quartz de Brest. Nathalie Réaux m’avait rejoint en saut de scène pour échanger quelques instants, la première chose qui m’a frappé, c’est cette empathie enveloppante, cette gentillesse évidente, cette générosité totale. A l’issue de cette conversation, Nathalie me  propose de l’accompagner en coulisse. Nous voila avec Christophe Miossec, ses musiciens, son tourneur et quelques figures brestoises. Je suis un peu embarrassé, l’impression de ne pas être totalement à ma place mais je sens Nathalie Réaux qui veille sur moi, une présence rassurante. On se quittera une petite heure plus tard avec la promesse de se revoir.C’était la première date d’une tournée qui s’avérera triomphale, en particulier grâce à la présence de Nathalie sur scène.

La seconde rencontre, c’est pour la date finale de cette tournée. Nous sommes en septembre 2015, Miossec joue son dernier concert au Festival Ilophone  à Ouessant sur les terres de son copain Yann Tiersen qui jouera d’ailleurs  sur quelques titres. Le lendemain, c’est la fin du festival et retour pour tous sur le continent. Les esprits sont fatigués et le Fromveur, ce courant terrible entre Ouessant et Molène, n’est pas seul responsable des nausées et autres malaises à bord du bateau de la Penn Ar Bed. Miossec et ses musiciens profitent de leurs derniers instants en tant que troupe, Nathalie est parmi eux, rayonnante. Je n’ose au départ l’aborder car je comprends dans leur  repli sur soi que ces moments-là sont précieux. C’est Nathalie qui vient vers moi avec cette empathie rayonnante, cette qualité qui ne doit pas se perdre et qui ne peut être méprisée, l’humanisme.

Dans l’équipe de Benzine Magazine, nous étions quelques uns à non seulement connaître le travail de Nathalie mais aussi un peu la personne. Toutes nos pensées vont à elle et ses proches. Pour ma part, je l’imagine encore et toujours sur ce bateau entre ciel et terre, entre marée et vents dans une errance silencieuse et paisible.

Je t’embrasse Nathalie, nous t’embrassons.

Greg Bod.