Avec ce récit enquête, le journaliste britannique Richard Lloyd Parry propose un récit très détaillé sur un fait divers, et dresse le portrait d’une jeune femme fragile et d’un pays plein de contrastes, le Japon.
Après avoir été grand reporter, couvrant des conflits en différents endroits du Monde durant plusieurs années, Richard Lloyd Parry, un journaliste britannique, s’est intéressé de très près il y a quelques années à un fait divers dont on a beaucoup parlé en Angleterre et au Japon. Il s’agit d’une affaire qui concerne la disparition de Lucie Blackman, une jeune anglaise de 21 ans, partie à Tokyo avec sa meilleure amie Louise afin de travailler comme hôtesse dans un bar très chaud du quartier de Roppongi. Son travail consistait à faire la conversation à des hommes, à boire avec eux et parfois à accepter des dîners ou plus encore… Mais un jour Lucie disparaît.
Après de longues semaines d’enquête plus ou moins fouillée, la police découvre finalement que Lucie Blackman a passé sa dernière soirée en compagnie d’un millionnaire coréen nommé Joji Obara, connu pour avoir notamment drogué puis violé de jeunes femmes par le passé.
Notre journaliste va mené l’enquête de son côté durant plus de dix ans, s’intéressant d’abord aux proches de la victime, au père, surtout, un étrange et charismatique personnage, parti au Japon en compagnie de la sœur de Lucie afin de retrouver cette dernière et qui a notamment réussi à médiatiser l’affaire au point de la faire remonter jusqu’aux plus hautes sphères de l’état Britannique, avec un Tony Blair qui est intervenu à l’époque auprès du Premier ministre japonais, afin de tenter de régler l’affaire.
Mais Richard Lloyd Parry dans ce livre s’intéresse aussi et surtout à la culture et à la société japonaise, et notamment à la manière avec laquelle les forces de l’ordre ont géré cette affaire, avec des errements et des approximations qui ont conduit à un véritable échec judiciaire.
A travers ce roman très dense de prés de 530 pages, l’auteur anglais – qui vit à Tokyo et occupe la poste de rédacteur en chef de la branche asiatique du Times, et qui est aussi un spécialiste de non-fiction –, décrit particulièrement bien toutes les étapes qui ont constitué l’enquête pour ce drame. Il évoque en filigrane le racisme à l’égard des Coréens mais également les sectes ou encore le rôle de de la presse et des médias dans la gestion des crimes et délits au Japon
Un livre qui n’est pas exempt de longueurs, de passages par moment un peu fastidieux quand il s’écarte un peu trop de l’intrigue, mais qui permet en tout cas de découvrir les aspects méconnus de la justice et de la société japonaise. Une description minutieuse et détaillée comme seul peut en produire un étranger vivant dans ce pays depuis suffisamment longtemps pour bien comprendre et analyser les rouages de cette culture.
Benoit RICHARD