Stephen Malkmus, l’ancien leader de Pavement et des Jicks, a une constante : être là où on ne l’attend pas. Son treizième album, toute période confondue, explore les contrées de l’americana et du folk. De manière décalée, ce qui fait tout son intérêt.
Traditional Techniques, voilà un titre qui résume parfaitement le nouvel album de Stephen J.Malmus composé à la guitare douze cordes pour une grande messe hippie, sans oublier les tambourins, flûtes, bouzouki et autres instruments traditionnels afghans.
Pas de panique, l’ex-leader du groupe Indie 90’s Pavement y a insufflé quelques agayons qui font que son disque ne sonnera jamais comme une daube folklorique. Derrières ces accords tordus et ces histoires à dormir debout se cachent un réel talent – mais ça on le savait- qui fait de Traditional Techniques un grand disque.
Pour ce nouvel album Stephen Malkmus est épaulé admirablement par Chris Funk (The Decemberists) et Matt Sweeney (Bonnie “Prince” Billy, Chavez) dont les arrangements protéiformes et la production sont impressionnants de justesse. Ces nouveaux compères l’ont débarrassés des oripeaux pénibles de ses précédents disques (solos de guitares démonstratifs ou bidouilles électroniques à deux balles).
Du coup le Portlandais a pu tout se permettre. Utiliser des grilles d’accords déjà entendus chez Safran Summerfield, sonner comme un The Charlatans US et kiffer le Grateful Dead période High Ashbury tout en se jouant d’une écriture croisée chez les Kinks. Pas moins. Qu’importe car, même sous influence patchouli et folk religieux, Malkmus chante des histoires désabusées et personnelles avec sa voix reconnaissable d’éternel adolescent.
Les onze titres s’écoutent comme un road trip dans lequel ACC Kirtan, The Greatest Own In Legal History et Amberjack illuminent les paysages fantasques remplis de Navajos sous peyotl croisant le fer avec des cowboys, à grand coup de psychédélisme sur Shadowbanned et Juliefuckingette. L’ombre de Pavement resurgit via un pont instrumental sur What Kind Of Person.
Cet album est le premier qui lui ouvre de nouvelles perspectives qui feront oublier son groupe culte des 90’s. Comme quoi, il n’est jamais trop tard.
Mathieu Marmillot