A 77 ans, c’est un retour à ses racines musicales que nous propose le toujours très décalé Swamp Dogg. Avec Sorry You Couldn’t Make It, il livre un album aux mélodies accrocheuses enregistré à Nashville, entouré de quelques pointures.
Né en 1942, Swamp Dogg (de son vrai nom Jerry Williams Jr) a toujours baigné dans la musique, et très tôt chanté sur scène, dès l’âge de 6 ans. Dans les années 50 et 60, il a sorti quelques singles restés confidentiels ; et puis c’est en tant que producteur à la fin des années 60 pour le label Atlantic qu’il s’est frotté à la dure loi du monde professionnel de la musique.
Déçu et frustré de ce travail de l’ombre, il décide de se lancer en 1970 dans une vraie carrière de chanteur et, afin de pouvoir libérer toute sa fantaisie créatrice, se crée un pseudo pour le moins original, Swamp Dogg. Il en faut de l’auto-dérision pour se surnommer « chien des marécages » et c’est justement ce dont il usera tout au long de ses 50 ans de carrière. Il expliqua un jour qu’il avait choisi ce surnom car « les chiens peuvent faire toutes sortes de bêtises, on les engueulera mais on les aimera toujours. »
Deux ans après le succès du décalé Love, Loss, and Auto-tune, il revient donc à ses racines, lui qui a grandi au son de la musique Country car, dit-il, « la musique noire ne passait à la radio qu’entre 22h et 4h du matin et j’étais déjà couché « .
Ce personnage atypique dont la carrière de chanteur fut marquée par de nombreux brûlots contre le racisme, l’écologie, les problèmes de société, etc, livre ici un très bel album de Country/Soul rappelant par moment son album Cuffed, Collared & Tagged sorti en 1972.
Pas moins de 14 musiciens différents auront participé à l’enregistrement de ce Sorry You Couldn’t Make It, sous la houlette de Ryan Olson du groupe Poliça qui endosse ici le rôle de producteur.
Il a retrouvé, pour faire cet album, de vieilles connaissances comme le célèbre chanteur de Country/Folk John Prine pour interpréter en duo 2 titres, Memories et Please let me go round again, ou l’organiste Derrick Lee (célèbre pour sa participation au show télévisé The Bobby Jones Gospel durant 36 ans) qui lui prête son talent au clavier sur la plupart des morceaux, donnant ainsi la teinte soul de l’album.
On y trouve également Don’t Take Her (She’s all I got) qui fut un tube Country co-écrit en 1970 par Swamp Dogg (à l’époque où il signait encore de son vrai nom Jerry Williams Jr) et que le chanteur Country Johnny Paycheck popularisa en 1971. 50 ans plus tard Swamp Dogg le réinterprète magnifiquement en mode Country/Soul mid-tempo, un peu comme une complainte pour un résultat accrocheur.
Mais c’est avec sa voix pleine d’émotions qu’il réussit à nous garder captif ce chien des marécages, comme sur I’d Rather Be Your Used To Be ou je ne peux m’empêcher de penser au King Elvis quand il commence à chanter.
Pas de doute, l’heure de la retraite n’a pas encore sonnée pour ce Swamp Dogg quien a encore pas mal sous le pied.
Arnold PIJOT