Nous sommes grands fans, ici à Benzine, de la série originale Narcos, il était donc logique d’aller voir, même tardivement, si son « spin-off », Narcos : Mexico, allait s’avérer un digne rejeton de la saison-mère !
Pour qui a apprécié l’assez extraordinaire série Narcos sur l’histoire de la drogue en Colombie, le spin off de 2018 sur la situation mexicaine a tout du « cold turkey », tant on ne retrouve presque rien de ce qui assura notre addiction au travail de Carlo Bernard et Jose Padilha (les deux apparaissant pourtant toujours au générique .). En deux mots, Narcos : Mexico est mal écrit, superficiel, et surtout mal « casté », ce qui nous garantit un résultat tout juste au niveau des séries lambda qui prolifèrent désormais sur toutes les plateformes. Explication…
Là où l’on avait droit dans Narcos à un travail précis sur la situation politique et sociale de la Colombie, qui permettait de comprendre et les enjeux géopolitiques globaux et l’inscription des cartels dans l’histoire du pays, on se voit réduits dans cette première saison de Narcos : Mexico, a une caricature sans nuance – et très peu documentée – de la corruption politique mexicaine, contre laquelle se battent, naturellement, les courageux américains. Exit quasi totalement les images d’actualité, on est en pleine fiction simplificatrice et vaguement raciste, très typique du regard méprisant que jettent les Américains sur leur voisin du Sud.
L’absence totale de profondeur des personnages, réduits à des clichés et dont nous ne saurons rien véritablement au-delà de leurs actes « professionnels » de trafiquants ou de policiers, tranche violemment avec les portraits complexes et ambigus que proposait la ‘série mère », et les problèmes d’écriture des personnages rendent incompréhensibles, voire absurdes, nombre d’événements et de comportements : la découverte « surprenante » de la vie extra-conjugale de Felix Gallardo en plein milieu de la saison, totalement inattendue et sur laquelle on ne reviendra pas, est un exemple particulièrement « WTF » du n’importe quoi scénaristique qui règne ici, mais de tels exemples fourmillent au long des 10 épisodes de la première saison.
Mais le pire, indéniablement, et ce qui cloue la série au sol, c’est son casting. D’un côté Michael Peña, crédible mais aussi expressif qu’une tanche, échoue à générer la moindre empathie pour son personnage, et empêche la toute dernière partie de la saison, sans aucun doute la meilleure, d’avoir l’impact recherché sur le téléspectateur. De l’autre, et dans le rôle principal, nous avons Diego Luna, littéralement ridicule à chacune de ses apparitions : entre son Espagnol marmonné et improbable (ce type ne peut pas être véritablement mexicain !), son manque prestance absurde qui décrédibilise totalement son rôle de super-caïd de la drogue et de brillant cerveau, et la fausseté systématique de son jeu, on a droit à la totale, et nulle série ne peut se remettre d’avoir pour pivot un acteur autant à côté de la plaque… Son face-à-face de dix minutes avec le génial Wagner Moura, réapparaissant dans son rôle iconique de Pablo Escobar, s’avère d’ailleurs particulièrement cruel.
Eric Debarnot