L’écrivain Iegor Gran rend hommage à son père, dissident soviétique dans les années 60, à travers un roman à la fois drôle et instructif qui nous replonge dans le quotidien de l’URSS en pleine Guerre froide.
Pour écrire ce roman, Iegor Gran s’est plongé dans le passé de son père, Andreï Siniavski, un dissident soviétique qui écrivait sous le pseudonyme d’Abram Tertz des textes pour une revue française et dans lesquels il se moquait à à travers de subtiles métaphores du régime communiste… tout en tentant d’échapper aux officiers du KGB qui tentaient de débusquer ce traître à la nation.
Le livre raconte ce jeu du chat et de la souris entre les services secrets et l’écrivain qui vivait dans une sorte de semi-clandestinité en compagnie de son épouse Rozanova avec laquelle il avait établi un code afin de le prévenir de toute visite impromptue des fameux services compétents. Mieux que ça, leur appartement était équipé d’une pièce secrète remplie de livres interdits et dans laquelle le père de Iegor Gran pouvait se réfugier en cas de danger.
Plus qu’un roman d’espionnage au temps de la guerre froide, Les services compétents est un portrait de cette URSS des années 60 où l’on sent le pays attiré vers le progrès mais qui refuse de succomber aux charmes du capitalisme, avec notamment pour illustrer cette situation, une séquence assez cocasse qui évoque la rencontre entre Kroutchev et Nixon lors de l’exposition américaine à Moscou en 1959 om les moscovite découvrait le coca-cola.
Le roman est truffé d’anecdotes, de séquences très visuelles sur cette période de la vie moscovite vue, à la fois du point de vue de l’écrivain mais également de celui des fonctionnaires du KGB, montrés pour certains avant tout comme de bons fonctionnaires, scrupuleux et idéalistes.
Un roman plein d’humanisme, au style alerte, qui nous fait croiser des personnages tour à tour étranges, truculents inquiétants… un roman qui se lit avec beaucoup de plaisir. on y apprend aussi pas mal de choses sur le quotidien des officiers du KGB. Et même si l’histoire se termine sur une note pas très drôle, ce roman reste un beau portrait d’une époque qui n’a pas fini de révéler ses secrets.
Benoit RICHARD