Après le bouillonnant Drunk paru en 2017, Thundercat revient avec un disque adouçi comme jamais en compagnie de Steve Lacy, Steve Arrington, Childish Gambino…entre grooves délicats et r’n’b sensuels.
Trois ans ! C’est bien long, surtout après avoir été autant enthousiasmé par l’éblouissant Drunk sorti sur brainfeeder et dans lequel Thundercat avait atteint un très haut sommet de créative, mêlant des choses classiques issues principalement du Funk Jazz fusion des années 70 avec des idées plus expérimentales, des trouvailles assez dingues dans les arrangements. Plus généralement, il y avait dans cet album une forme d’excentricité qui rendait le projet assez unique en son genre et en tout cas très stimulant pour l’auditeur à la recherche de groove aventureux.
Pour cette nouvelle réalisation, Stephen Lee Bruner a rassemblé une fois encore autour de lui une prestigieuse liste d’invités : Ty Dolla $ign, Childish Gambino, Lil B, Kamasi Washington, Steve Lacy, Steve Arrington, BADBADNOTGOOD, Louis Cole et Zack Fox figurent ainsi au générique de cet album nettement plus posé et en tout cas moins foutraque, et aussi plus ramassé que le précédent, avec seulement 15 titres alors que Drunk en comptait 25.
Produit conjointement par Thundercat et son meilleur ami, son pote de longue date, Flying Lotus, It Is What It Is met en avant des titres plus proches que jamais du jazz Soul funk des origines, avec des ambiances bien souvent assez mélancoliques où il est question d’amour, de disparition, de la vie en général avec ses hauts et ses bas… un sentiment de spleen qui se reflète parfaitement dans la seconde partie du disques avec des titres aussi moelleux que Overseas (feat. Zack Fox), How I Feel, It Is What It Is (feat. Pedro Martins) ou encore avec la berceuse Fair Chance en hommage au regretté Mac Miller.
Des titres lents, caressants, des morceaux de funk r’n’b ralentis dans lesquels la mélodie s’exprime comme jamais, laissant du coup un peu en retrait le beat, le rythme, qui était jusqu’alors la colonne vertébrale de la musique de Thundercat. Cette fois, la répartition est plus équilibrée, avec un chant qui semble aussi occuper une place plus importante que par le passé dans les morceaux, ramenant du coup la musique du Californien vers quelques grands noms de la musique Soul jazz 70’s que sont par exemple Curtis Muyfield ou Marvin Gaye.
Une évolution sensible mais notable donc pour Thundercat qui, avec ce It Is What It Is, contribuera à ouvrir sa musique à un plus large public. Qui s’en plaindra ?
Benoit RICHARD