La série Our Boys revient sur l’assassinat d’adolescents juifs et Palestiniens à l’été 2014. Une mini-série ultra réaliste et passionnante pour mieux comprendre le conflit israélo-palestinien.
À l’été 2014, la fièvre s’empare de la ville de Jérusalem après l’enlèvement et l’assassinat d’un adolescent palestinien de Jérusalem-Est par des étudiants ultra orthodoxes. Un enlèvement qui venait en représailles à celui de trois jeunes juifs enlevés et assassinés par des membres de Hamas alors qu’ils faisaient de l’auto-stop.
Le scénariste Israéliens Hagai Levi (En analyse, The Affair…) adapte pour la chaîne américaine HBO ce fait divers tragique qui a embrassé Israël pendant plusieurs semaines, créant des tensions et des représailles au sein de la population et aboutissant à la guerre de Gaza en juillet et août 2014.
Rares sont les séries ou films qui permettent de comprendre de manière aussi limpide et explicite le conflit israélo-palestinien à travers une fiction inspirée de faits réels. Sans parti-pris politique, sans jugement, le réalisateur s’attache avant tout à restituer les faits, à reconstituer la chronologie du drame, tout en y ajoutant des éléments de fiction. Il plonge le spectateur au cœur des deux familles : celle de jeune victime mais aussi celle des accusés. Avec d’un côté, une communauté ultra orthodoxes très soudée, et de l’autre une famille d’ouvriers Palestiniens soutenue par la population arabe. Deux univers, deux visions du Monde qui s’opposent, deux familles qui pourtant vont se retrouver sur la même route, celle qui conduira à la vérité et à la justice.
Le scénario habilement construit en flash-backs nous permet de revivre le déroulement du drame et ses conséquences avec une précision est une habilité remarquable de la part du réalisateur, avec une mise en scène est un découpage à faire pâlir de jalousie les scénaristes de 24 heures chrono.
Une série absolument passionnante, haletante de bout en bout, d’une puissance narrative exceptionnelle qui nous fait plonger dans cette poudrière qu’est la ville de Jérusalem, à la fois bouillonnante, plein de haine, de ressentiment où la moindre étincelle peut déclencher à tout moment une insurrection.
Quant aux acteurs, ils sont tous très justes dans leur rôle, que ce soit ce policier taiseux du Shabak (le service de sécurité intérieure israélien), un personnage imaginé tout spécialement pour cette adaptation et remarquablement interprété par Shlomi Elkabetz, mais aussi ou encore le jeune Adam Gabay absolument parfait dans le rôle d’Avishay Elbaz, l’un des trois accusés qui en semble pas comprendre ce qui lui arrive.
Une série qui a fait polémique en Israël avec un Benyamin Netanyahou qui a carrément appelé à boycotter la série. On en attendait pas moins de sa part. Une série en tout cas d’une belle complexité et d’une grande force émotionnelle qui montre une société toujours aussi malade, toujours prête à sacrifier ses enfants au nom de la haine de l’autre.
Benoît RICHARD