Speedometer, le Soulful band le plus imprévisible d’Angleterre revient avec Our Kind Of Movement, un nouvel album aux airs de globe-trotters.
A Londres et dans toute l’Angleterre, les membres des Speedometer sont des références en matière de Soul. Ils font en effet figure depuis plus de 20 ans de précurseurs du retour de cette Soul authentique, à l’instar des Dap-Kings de l’autre côté de l’Atlantique. L’autre point commun de ces deux groupes instrumentaux est d’avoir servi de backing band à nombre d’artistes, nos anglais ayant officié sur scène avec des légendes telles que Sir Joe Quaterman, Marva Whitney, Lee Fields…
Ce petit groupe de passionnés fans des Meters et des JB’s était au départ un quatuor qui aimait jouer dans les nombreux pubs anglais des reprises du Funk made in New Orleans des Meters. C’était osé et novateur car la scène groove anglaise de l’époque était encore dominée par l’Acid-Jazz des Jamiroquai et autres Brand New Heavies avant de basculer dans la musique électronique. C’est sous l’impulsion du guitariste Leigh Gracie qu’ils se mirent à faire leurs propres compositions et que ce qui devait arriver arriva. Ils se firent repérer, enregistrèrent une émission qui fit parler d’eux et finirent par signer avec une maison de disques. Leur nom qu’ils durent choisir à ce moment-là viendrait d’ailleurs d’une de ces premières compositions.
20 ans c’est long et court à la fois, il peut s’en passer des choses pour un groupe dans ce laps de temps, des idées communes, des désaccords, des envies différentes… mais dans le cas des Speedometer tout cela a servi à étoffer le groupe qui est passé de 4 à 8 membres (sans parler des collaborations vocales avec des artistes en devenir comme par exemple Myles Sanko) et à élargir leurs horizons musicaux pour proposer avec plus ou moins de succès des albums hors des tendances et des modes.
En 2012 ils ont réalisé Soul Overdue, un album entier avec Martha High, une des Soul Sisters de James Brown et qui fût un de leurs plus gros succès, et leur album certainement le plus Soulful.
Leur précédent album, No Turning Back en 2015, était déjà un patchwork musical avec James Junior au chant, et avec Our Kind Of Movement leur dernier album studio qui vient de sortir ils ne dérogent pas à la règle de la diversité avec une face plus expérimentale contenant des influences psychés, latines, afrobeat ou encore indiennes qui peuvent dérouter.
Pour le côté classique Soulful nous avons We Gave Up To Soon à la sonorité proche des productions soul de Daptone et qui est une ancienne composition retravaillée avec une jeune chanteuse Vanessa Jamie. Le groupe travaillerait d’ailleurs à lui préparer un album complet… affaire à suivre.
Il y a encore Let’s Start A Movement avec leur collaborateur désormais habituel James Junior au chant qui est un morceau de soul entraînant aux sonorités modernes ou mon petit préféré, le Deep Soul Look No Further avec Najwa Ezzaher derrière le micro.
Pour le côté plus expérimental nous n’avons que des instrumentaux comme Abuja Sunrise qui est de l’Afrobeat dans la pure veine du maître Fela Kuti, Funky Amigo un groove hispanique mené par un mélange de trompette et de maracas vraiment efficace, Kashmir, un mélange de rythme Funk et de sitar indien, fruit de leur rencontre en France avec un musicien indien, ou encore l’afro/psyché de Edge Of Fear à la manière du Budos Band.
Et enfin comme un album des Speedometer ne serait pas ce qu’il est sans un classique inspiré des Meters, dans le cas présent ce sera Mo’Crunch dans lequel l’orgue résonne dans nos têtes comme savait le faisait Art Neville.
Il y a de vrais bons morceaux dans cet album, tels Look No Further ou Funky Amigo mais l’ensemble est irrégulier et manque de constance. C’est bien dommage pour un tel groupe.
Arnold PIJOT